Après un an de pouvoir et des coupes monstrueuses, les comptes de l’Argentine sont pour la première fois au vert et l’inflation maladive commence à décélérer. Se moquant des manifestations et des « larmes de gauchistes », il a gouverné par décret pour imposer ce traitement choc. Peu auraient osé. Et pour cause… Trente-trois mille fonctionnaires ont perdu leur emploi, les services publics et la protection sociale ont fondu, la moitié des Argentins sont passés sous le seuil de pauvreté et certains finiront à la rue. Mais cette purge, cette saignée, des Argentins l’ont voulue. Pour sortir du marasme où des générations de politiques les avaient englués. Seul un fou pouvait le proposer et ils l’ont choisi, en toute conscience. Pour sortir d’un cycle et en commencer un autre. Parce qu’il faut parfois un excès pour en corriger un autre. La même explication vaut pour d’autres lunatiques ayant pris le pouvoir par les urnes.
Prenez Trump. « L’homme orange », condamné pour agression sexuelle. Mégalomaniaque, il répète en boucle qu’il est le plus beau, le plus fort, le plus riche. Sa fortune, il ne l’a pas méritée, il l’a héritée. Quand il n’a pas triché ou corrompu pour ne pas respecter la loi. Sa place n’est pas à la Maison-Blanche mais en prison. Pour avoir incité une foule de Maga-gagas à marcher sur le Capitole, tuant cinq personnes – dont un policier – au passage. Et pourtant, il peut tout se permettre : jurer de mater la Chine et de « sauver » TikTok, se moquer de la grâce du fils Biden et placer tous ses proches à des postes clés. Parce qu’il venge une part non négligeable d’Américains qui se sentent menacés par l’immigration et la concurrence, las des guerres, et peut-être plus encore de l’irrationalité des sermons woke et des étudiants qui chantent pour le Hamas.
Bien que grotesque, Trump a réussi les accords d’Abraham, promis « l’enfer » au Hamas pour obtenir le retour des otages et un cessez-le-feu. Même s’il est fasciné par la Russie, il mettra la pression nécessaire sur Poutine et Zelensky pour passer de la guerre à la trêve. Avec lui, une négociation peut servir la marche du monde ou celle des tyrans. Tout dépend du deal, public ou privé, qu’il obtient. Mais son public a l’impression de sortir de l’immobilisme ou du convenu. Et parfois, c’est vrai. À travers lui, c’est la loi du plus fort et de l’ultralibéralisme qui revient en force. Comme pour corriger l’excès de prudence passive qui affaiblit nos démocraties