EDITO. Investiture de Donald Trump : L’ère trumpiste
La cérémonie d’investiture de Donald Trump sera l’occasion, en ce lundi, de démontrer sa toute-puissance. Tout est prévu pour qu’il en soit ainsi La mise en scène et les images qui seront diffusées à travers l’Amérique et à travers le monde constitueront le premier acte politique du nouveau Président. Pour Donald Trump, l’enjeu médiatique a toujours été une obsession, et il faut croire que la cérémonie sera strictement réglée selon son bon vouloir. La famille, les fidèles de la première heure et les ralliés de la vingt-cinquième heure, les ultraconservateurs patentés et les aventuriers politiques, tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la victoire, se tiendront aux côtés du milliardaire comme une cour bienheureuse de goûter enfin au pouvoir. Le protocole dira alors quels sont les plus proches, ceux sur lesquels s’appuiera le 47e Président.
Viendront ensuite ses premières paroles, comme l’avant-goût d’un second mandat qui pourrait refléter le "vrai" visage de ce qu’on appelle le "trumpisme". Et, dans un monde qui regorge d’incertitudes, on écoutera, parfois avec crainte, ce que réserve de « coups », de « deal » et de menaces les propos liminaires du magnat de l’immobilier redevenu l’homme le plus puissant de la planète.
On se doute que Donald Trump, dès les premières heures de sa présidence, voudra surprendre, à la manière d’un homme d’affaires qui ne s’embarrasse ni de scrupules ni de tiédeur pour redonner à l’Amérique ce qu’il appelle sa "grandeur". Déjà, on l’a vu manœuvrer, invectiver ses adversaires, flatter ceux qui se courbent et menacer de déclarer ouverte une guerre commerciale tous azimuts – contre la Chine d’abord, mais aussi à destination de ses "alliés européens" pour peu qu’ils se frottent aux prétentions de la "nouvelle" Amérique. Sans oublier les visées impérialistes, clairement énoncées par Donald Trump en personne, sur le Groenland, le canal de Panama ou le Canada – dont on ne sait s’il s’agit de coups de bluff ou de coups de mentons ?
Pire encore : autour de lui, sa nouvelle garde rapprochée, débarrassée des anciens dirigeants trop modérés de son parti républicain, et grand’ouverte à quelques puissants corsaires de la haute technologie à l’image d’Elon Musk, pourrait s’affranchir des vieilles valeurs de l’ancien monde, comme le multilatéralisme ou la démocratie libérale, et privilégier ceux qui rêvent de "dégager" les responsables trop encombrants – déjà des pays alliés comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne ont servi de cibles politiques à l’ambitieux Mister Musk. Inquiétante prétention.
Dès aujourd’hui, et au-delà d’une cérémonie protocolaire faite pour étonner le monde, nous entrons de plain-pied dans une "ère trumpiste" qui devrait nous surprendre et pourrait nous inquiéter. Rien n’est sûr, rien n’est écrit – ni le meilleur, ni le pire. C’est pourquoi, Français et Européens, nous ne devons compter que sur nous-mêmes.
KAK L'Opinion