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Motion de censure : la fin du NFP en vue ?
La motion de censure de LFI contre le gouvernement est examinée aujourd’hui. Si
François Bayrou a lâché du lest hier, l’initiative pourrait surtout faire des dégâts… à gauche
Un effet boomerang ?
Déposée, mardi, dans la foulée du discours de politique générale de
François Bayrou, la motion de censure des insoumis, examinée ce
jeudi à l’Assemblée, ne devrait pas passer. Le RN ayant annoncé qu’il
ne la votera pas, le gouvernement ne devrait donc pas être renversé.
En revanche, cette initiative pourrait faire des dégâts à… gauche.
Tout dépendra de l’attitude du PS.
Qu’il ne la vote pas et le NFP pourrait
se fissurer davantage encore.
Hier, François Bayrou a mis une
pièce de plus pour tenter d’obtenir
la neutralité des socialistes. Et, par
ricochet, les décrocher de LFI.
Au lendemain de son grand oral, le
Premier ministre s’est, en effet,
montré plus précis sur l’issue qu’il
compte donner à la renégociation
de la réforme des retraites annoncée
mardi après-midi. Un sujet déterminant
pour le PS. Il ne cesse de
le répéter : cette concession, qui
est loin de la suspension espérée,
ne peut déboucher sur un retour à
la réforme de 2023.
Hier, à l’Assemblée, Olivier Faure,
le patron des socialistes, l’a rappelé
: « Pour nous, le statu quo n’est
pas possible, c’est pourquoi même
dans le cas où syndicats et patronat
ne trouveraient pas d’accord, il reviendra
à la démocratie parlementaire
de s’exprimer. Le Parlement
doit avoir le dernier mot ». Et
d’ajouter : « Cette question conditionne
notre réponse demain »
Troisième voie
Invité donc à dévoiler son jeu,
François Bayrou est allé un peu
plus loin que son propos tenu la
veille. Mardi, il n’avait donné que
deux issues possibles à cette renégociation
confiée aux partenaires
sociaux : soit un accord est trouvé
sur de nouvelles mesures de justice
et elles seront soumises au Parlement,
soit il n’y a pas d’accord et
la réforme de 2023 continuera à
s’appliquer avec sa mesure phare,
le recul de l’âge de départ de 62 à
64 ans.
Vingt-quatre heures plus tard, François Bayrou a ouvert une troisième
voie : celle d’« une situation dans laquelle des marges de progression
auront été identifiées sans qu’il y ait un accord général ».
« Si c’est le cas, a-t-il affirmé, nous proposerons un texte qui reprendra
ces adaptations et nous le soumettrons à l’Assemblée. »
Ce qui évacue donc le scénario
d’un « conclave » verrouillé de l’intérieur où l’un des acteurs serait
tenté par une obstruction systématique. Tout sauf anodin. Mieux,
en fin d’après-midi, au Sénat, il s’est aussi dit prêt à « renoncer à la
suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale ». Et c’était là
une autre demande du Parti socialiste.Dès lors, ces concessions pourront-
elles faire bouger les lignes ? Hier, au PS, les sentiments ont été
fluctuants. « Oui, on est partagés entre ceux qui ne veulent pas voter
la censure et ceux qui hésitent ou qui y sont près », soupirait, en fin
de matinée, un député socialiste.« Certes, le compte n’y est pas,
poursuivait-il. Mais confier la renégociation de la réforme des retraites
aux partenaires sociaux, ce n’est pas rien. »
Menaces
Les socialistes tiendront une nouvelle réunion, ce jeudi midi, pour
tenter de dégager une position commune. En attendant, l’offensive
frontale de LFI n’aide pas à la réflexion. Depuis que le PS, les
écologistes et les communistes ont entrepris de négocier avec le gouvernement,
Jean-Luc Mélenchon multiplie les tirs de barrages, les
accusant de « servilité » et de « forfaiture ». Les insoumis allant jusqu’à
menacer de présenter, aux prochaines législatives, des candidats
contre ceux qui oseraient ne pas censurer François Bayrou.
Mardi, les écologistes et les communistes sont rentrés dans le rang :
ils voteront bien la censure. À l’inverse, hier soir, les socialistes entretenaient
encore le flou sur leurs intentions, précisant néanmoins
que les menaces de LFI étaient «contre-productives. »
Ce mercredi, dans la salle des
Quatre Colonnes, à l’Assemblée, Alexis Corbière, l’ex-insoumis,
pointait du doigt les attaques de son ancien mentor, Jean-Luc Mélenchon
: « Je connais la rhétorique sur les purs et les traîtres, mais à la
fin, c’est la victoire du RN. Les déclarationsde samouraï, c’est absurde
». Il l’assume, il votera la censure : « Il n’y a rien dans le discours
de François Bayrou. Mais au-delà des stratégies, je ne souhaite pas
l’explosion du NFP. Il faut arrêter de mal se parler ».
Il n’empêche. Le PS est dans une position délicate. Ce jeudi, plus que le résultat du vote de la motion de censure, ce sont surtout ses potentielles divisions qui seront
scrutées. Si celles-ci apparaissent, ce sera tout sauf une victoire. Mais qu’il refuse, en bloc, de voter la censure et il s’attirera aussitôt les foudres de LFI. Tel est le prix de
l’autonomie. Ou de la solitude.
Jefferson Desport S-O
PLANTU