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Ouest-France

Ce qu'il faut retenir de la déclaration du 1er ministre

 

 

Le Premier ministre français François Bayrou répond aux questions des députés à l’Assemblée nationale le 17 décembre 2024. Photo d’illustration.© AMAURY CORNU / Hans Lucas via AFP
 

Le nouveau Premier ministre a dévoilé ce mardi les grandes orientations de son gouvernement lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. François Bayrou a notamment fait des annonces sur la réforme des retraites, le budget, la proportionnelle ou encore la Nouvelle-Calédonie.

Un mois après sa nomination comme Premier ministre, François Bayrou a prononcé ce mardi 14 janvier 2025 sa déclaration de politique générale devant les députés à l’Assemblée nationale. Une prise de parole très attendue puisqu’elle devait donner les grandes orientations d’un gouvernement qui a la lourde tâche de sortir de l’impasse budgétaire. Pendant 1 heure 30, le Premier ministre a balayé de nombreux sujets pour présenter sa feuille de route, avec comme principal enjeu : éviter la censure.

Revivez le discours de politique générale de François Bayrou avec notre direct

Comme ses prédécesseurs, Michel Barnier, Gabriel Attal et Élisabeth Borne, François Bayrou n’a pas sollicité le vote de confiance à l’issue de son discours, le chef du gouvernement ne disposant pas du soutien d’une majorité de députés à l’Assemblée.



« Cette situation est un atout »

Dans le brouhaha, le Premier ministre a entamé son discours en indiquant que « pas un opposant ne juge notre position enviable ». Il est revenu sur les faibles chances de survie de son gouvernement : « Au risque de vous surprendre, je crois que cette situation est un atout »« Les Français nous enjoignent à joindre nos forces pour forcer les issues », a-t-il estimé.

François Bayrou a ensuite évoqué le surendettement du pays : « Tous les gouvernements y ont pris leur part », a-t-il rappelé, en évoquant la situation plus favorable des décennies passées. « Cette dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social », a-t-il ajouté.

 

Renforcer la place de l’Europe

 

« Nous avons basculé dans un monde nouveau et dangereux », a-t-il lancé à la tribune. « Nous sommes passés dans un monde de la force du droit à celui du droit de la force », a-t-il poursuivi, en évoquant notamment l’attaque russe en Ukraine. Il a également pointé du doigt les alliés de Vladimir Poutine : la Corée du Nord, l’Iran ou encore la Chine, dont il a dénoncé « la stratégie programmée » visant à remplacer « notre industrie ». Il a également évoqué les États-Unis et les menaces d’annexions de Donald Trump.

« L’Europe doit devenir une communauté stratégique, une puissance politique et de défense », a-t-il déclaré, après avoir perdu le fil de son discours, suscitant l’hilarité des députés. Pour François Bayrou, il n’y a pas d’indépendance française sans indépendance européenne. « Mais l’Europe est travaillée par des ferments inutiles de division », a-t-il regretté.

 

Restaurer l’autorité de l’État

 

« Les questions de sécurité sont brûlantes pour nos concitoyens », a affirmé François Bayrou, qui souhaite « une coopération étroite entre les ministères de la Justice et de l’Intérieur pour leur confier la restauration de l’autorité de l’État ». Il a annoncé une refonte du système pénitentiaire avec un plan d’urgence dans le but de trouver « une nouvelle approche mieux adaptée aux différents types de détention ».

Pour lutter contre le narcotrafic, il a également annoncé vouloir renforcer la présence des forces de sécurité, avec la création de nouvelles brigades de gendarmerie. « Nous devrons précisément être sans faiblesse pour lutter contre le terrorisme et tous les séparatismes », a-t-il également ajouté.

 

Retraites : une réforme « vitale » remise « en chantier »

 

« La première urgence, c’est de répondre à la question des retraites, qui occupe le débat public depuis longtemps », a promis le Premier ministre. « Le déséquilibre du financement du système de retraites et la dette massive qu’il a creusé ne peuvent être ignorés ou éludés », a-t-il ajouté. Cette réforme du deuxième quinquennat Macron est au cœur de ces discussions. François Bayrou avait dit ce matin écarter toute suspension de la réforme des retraites.

« La reforme des retraites est vitale pour notre pays et notre modèle social », a-t-il déclaré. François Bayrou souhaite « remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps bref selon une méthode inédite et quelque peu radicale »

Il a annoncé un état des lieux précis, par la Cour des comptes, qui sera communiqué à tous les Français. Il a assuré qu’il n’y aura dans les prochains débats « aucun totem » et « aucun tabou » pourvu que les objectifs de financement soient atteints. Une réunion sera organisée dès ce vendredi 17 janvier. « Si les partenaires sociaux ne s’accordent pas, c’est la réforme actuelle qui continuera à s’appliquer », a toutefois prévenu le Premier ministre.

 

Budget : « des efforts » pour tous

 

« Il nous faut nous ressaisir pour adopter les budgets de l’État et de la Sécurité sociale », a déclaré François Bayrou. Ce dernier entend livrer un budget prévoyant un déficit de 5,4 % l’an prochain, dans un contexte où la croissance pour 2025 s’annonce moins vive que présumée. Le locataire de Matignon a expliqué que tous les ministères devront faire un effort, tout comme les agences de l’État. Il a également annoncé « l a création d’un fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’État », qui sera abondé grâce aux produits du parc immobilier de l’État.

L’Assemblée nationale reprendra le 3 février l’examen du projet de budget 2025 de la Sécurité sociale (PLFSS), texte sur lequel le gouvernement Barnier était tombé début décembre, indique l’AFP ce mardi. Quant au projet de loi de finances (PLF, le budget 2025 de l’État), le Sénat reprend cette semaine l’examen de la partie relative aux dépenses, avant un vote sur l’ensemble du texte prévu le 23 janvier.

 

La création d’une « banque de la démocratie »

 

« Notre société n’est plus enfermée dans l’impasse de la bipolarisation », a estimé François Bayrou. « Pour un sujet donné, il y a plusieurs sensibilités et c’est tant mieux », explique François Bayrou évoquant « une pluralité de courant dans le pays ». Il a dit toutefois désapprouver la stratégie de Jean-Luc Mélenchon qui est selon lui « de tout conflictualiser ».

Il a par ailleurs annoncé la création d’une « banque de la démocratie », qui viserait à faire en sorte que les campagnes ne soient plus dépendantes « des banques privées », a ajouté François Bayrou. « L’argent ne doit pas diriger les consciences », a expliqué le locataire de Matignon.

 

Un débat sur la proportionnelle et le cumul des mandats

 

 

« Je propose que nous avancions sur la réforme du mode de scrutin législatif », a poursuivi le chef du gouvernement, qui propose un débat sur l’élection à la proportionnelle, selon des modalités qui restent à définir. Selon lui, un tel mode de scrutin amènerait aussi à revenir sur la question du cumul des mandats nationaux et locaux.

Le locataire de Matignon promet aussi promet un mouvement de « débureaucratisation » : « Notre bureaucratie est trop lourde », a-t-il estimé. Il entend pour cela « rendre du pouvoir au terrain ». Les acteurs locaux, notamment les collectivités locales, devront ainsi « redéfinir eux-mêmes les suppressions ou allègements de réglementations utiles ».

 

« Faciliter la tâche » des entreprises

 

Le Premier ministre veut « faciliter la tâche » des entreprises, grandes multinationales ou PME, « dans des conditions fixées par la démocratie sociale ». Selon lui, les entreprises « doivent être prémunies contre des augmentations exponentielles d’impôts et de charges »« Le trésor est dans l’activité, la créativité, la souplesse », a-t-il ajouté.

François Bayrou est également revenu sur le mouvement des Gilets jaunes. « Sur les ronds points, il y a 6 ans, ils ont dénoncé ce qu’il ressentait de l’état de notre société », notamment sa division « entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas ; ceux qui passent à la télévision et ceux qui la regardent ; ceux des arrondissements centraux de Paris et les autres ». Il a indiqué vouloir « reprendre l’étude des cahiers de doléances des Gilets jaunes ».

 

L’immigration, « une question brûlante »

 

« L’immigration est devenue une question brûlante sur toute la planète », a poursuivi le Premier ministre. « J’ai la conviction profonde que l’immigration est une question de proportion », a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs évoqué la situation de Mayotte. Selon lui, la présence de nombreux immigrants illégaux fragilise la situation de l’archipel. « Il est de la responsabilité du gouvernement de faire respecter l’ordre à Mayotte et en métropole », a-t-il dit.

Le Premier ministre a également abordé la question des OQTF (Obligation de quitter le territoire français). Il a rappelé que 93 % de ces OQTF ne sont pas exécutées : « Si nous ne résolvons pas cette question, toutes nos déclarations d’intention seront vaines »« Je réactiverai le comité interministériel de contrôle de l’immigration », annonce-t-il par ailleurs. « Notre cap, c’est l’intégration », a-t-il conclu sur ce sujet.

 

L’écologie, « la solution » pour Bayrou

 

Sur l’écologie, François Bayrou a annoncé vouloir « finaliser la stratégie bas carbone »« préserver notre biodiversité » ou encore « produire de façon décarbonée »« L’écologie, contrairement à ce que certains pensent, n’est pas le problème, c’est la solution », a-t-il rappelé. « Cette adaptation, la France l’a commencé mieux qu’aucun pays du monde », a poursuivi François Bayrou, avant d’expliquer qu’il entendait « amplifier les efforts en la matière ». Il a aussi mentionné le rôle du nucléaire et la géothermie.

 

Réformer Parcoursup ?

 

« Une des fiertés de ma vie est d’avoir été un enseignant de l’Éducation nationale », s’est ensuite exclamé François Bayrou à la tribune. « Mais comment accepter que l’école française, qui était la première du monde, se voit classée au rang qui est le sien aujourd’hui, en mathématiques comme en lecture ? », a-t-il lancé, en référence aux récents classements internationaux.

« Les enseignants de notre université dépeignent des étudiants de première année, après 13 ou 14 ou 15 années d’école qui ne parviennent pas à écrire un texte simple, compréhensible avec une orthographe acceptable. C’est le plus grand de nos échecs », regrette-t-il.

Sur le sujet épineux de Parcoursup, il a notamment évoqué la piste de la réforme de la période située entre le lycée et l’enseignement supérieur. Il a également indiqué vouloir lutter contre les écrans : « la pause numérique doit être généralisée », a-t-il expliqué.

 

Nouvelle-Calédonie : vers « des négociations »

 

Alors que la Nouvelle-Calédonie a été touchée par des émeutes en mai 2024, le Premier ministre souhaite que le processus politique reprenne, « avec des négociations qui devront aboutir à la fin du trimestre », a-t-il promis. Il appelle aussi les forces politiques locales à « trouver des voies novatrices pour le bien de tous ».

Sur la politique industrielle et numérique de la France, il a indiqué son souhait de vouloir investir dans l’intelligence artificielle. « Nous sommes des géants de la recherche informatique, ne nous laissons pas devenir pas des nains de la nouvelle économie », s’est-il réjoui. « Le gouvernement reste attaché à la trajectoire ambitieuse d’investissement dans la science définie dans la loi de programmation de la recherche », a-t-il poursuivi.

Sur la colère agricole, François Bayrou a reconnu que des normes et obligations étaient imposées aux agriculteurs français, contrairement aux voisins européens. « Quand nous évoquons leur crise, nous voyons ce qui saute aux yeux : la crise des revenus, le sentiment qu’ont nos agriculteurs de n’être pas respectés », a listé le Premier ministre. Il évoque par ailleurs de futures consultations au sujet de la gestion de la ressource en eau.

 

Revaloriser le travail

 

Le Premier ministre souhaite également voir aborder les questions des revenus, du sens et de la santé au travail. « Il faudra poursuivre les efforts en matière de revalorisation salariales et de mise en place de dispositifs d’épargne salariale, d’intéressement et de participation dans tous les secteurs », a-t-il détaillé.

Sur le logement, il souhaite aussi qu’une nouvelle politique en matière de logement soit menée pour dynamiser certains territoires, et promet « une conférence » sur le financement des transports durables. Pour les étudiants, il a annoncé la construction de « 15 000 logements par an pendant trois ans »« La carte universitaire et le réseau des universités sont une grande question académique et sociale », a-t-il affirmé.

 

La santé mentale, « grande cause nationale »

 

« La mesure de déremboursement de certains médicaments ne sera pas reprise », a annoncé François Bayrou. Cette mesure avait été l’un des principales pierres d’achoppement lors des débats sur le budget de la sécurité sociale pour 2025. Le remboursement intégral des fauteuils roulants pour 2025 est lui bien maintenu.

« Il faut passer d’une logique budgétaire annuelle à une logique de financement pluriannuel », estime François Bayrou, qui a récolté quelques applaudissements. Il a par ailleurs annoncé que la santé mentale sera la « grande cause nationale de 2025 », comme l’avait déjà décidé Michel Barnier.

« Nous sommes un peuple de ressources. À la condition qu’il trouve l’unité qui si souvent lui manque. Il l’a fait bien des fois au cours de son histoire, et c’est à nous aujourd’hui que cette mission, cette charge et cette chance reviennent », a conclu François Bayrou.



15/01/2025
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