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L'édito de Bruno Jeudy. Le prix de la stabilité
Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de « La Tribune Dimanche ».
 

Par Bruno Jeudy

Retrouvez chaque semaine l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de « La Tribune Dimanche ».

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LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI

 
 

La cause est entendue : deux Français sur trois estiment que, pour faire adopter le budget, les oppositions doivent faire des compromis et ne pas voter la censure. C'est évidemment l'objectif du nouveau Premier ministre. François Bayrou, en prononçant son discours de politique générale mardi, va jouer la survie de son gouvernement même si le vote du budget n'aura lieu qu'en février.

Il faudra à l'ancien professeur de lettres classiques faire appel à toute la magie du verbe pour persuader les députés et, à travers eux, nos compatriotes de sa capacité à soigner une France malade de son déficit abyssal, de la gestion erratique des services de l'État, de ses contradictions et divisions. En somme, il devra incarner Harry Potter au pays des Tuche... et à l'école des boursiers.

 

Pour atteindre son objectif, l'homme de Matignon a choisi sa méthode et une monnaie d'échange : la renégociation de la réforme des retraites. Un totem macronien - adopté dans la douleur en 2023 - et dont François Bayrou n'a d'ailleurs jamais été un chaud partisan. Le chemin est étroit voire tortueux : comment détricoter la réforme d'Élisabeth Borne sans revenir sur l'âge de départ fixé à 64 ans ? La négociation est en cours.

 
 

C'est à ce prix qu'il espère obtenir un accord de non-censure de la part des 66 députés socialistes. S'il parvient à ses fins, le Premier ministre aura brisé l'axe Marine Le Pen-Jean-Luc Mélenchon et offert un temps précieux aux partis de gouvernement pour se mettre en ordre de bataille en vue de 2027.

En confiant le dossier à Éric Lombard, le plus à gauche de ses ministres, un rocardien proche de Michel Sapin et ami d'Olivier Faure, le chef du gouvernement a surpris tout le monde. Le ministre des Finances, inconnu du grand public mais habile négociateur et homme de réseaux, a déjà réussi l'exploit de rassembler à Bercy les dirigeants socialistes, écologistes et communistes pour d'inattendues agapes nocturnes qui déboucheront, peut-être, sur une synthèse fructueuse. Les discussions promettent de durer tout le week-end. Au PS, on a compris qu'un parti de gouvernement ne peut se permettre de censurer une seconde fois sous peine de perdre ce qu'il lui reste de crédibilité.

 

Mais ce coup politique aurait un coût énorme. La stabilité gouvernementale est capitale. Toutefois, le retour de bâton des marchés pourrait vite plonger notre pays dans une crise aiguë. Ex-directeur de la Caisse des dépôts et consignations, Éric Lombard a fait sienne cette phrase inspirée de Churchill : « D'échec en échec, j'allais vers le succès. »

On le souhaite pour le pays. Mais en refusant de promettre le labeur, la sueur et les larmes aux Français, il prendrait le risque de sacrifier le futur de notre pays au présent incertain d'un gouvernement en sursis. Qu'il se rappelle d'autres paroles du « vieux lion » anglais : « Que la stratégie soit belle est un fait, mais n'oubliez pas de regarder le résultat ! » Ce résultat, les Français le jugeront avec d'autant moins d'indulgence qu'ils en subiront les aspects les plus douloureux.



12/01/2025
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