Faut-il prendre Donald Trump au sérieux ? Faut-il déjà juger le futur Président des États-Unis au fil de ses excès verbaux, faut-il, avant même qu’il n’ait posé un pied dans son bureau ovale, croire dur comme fer en ses menaces, ses outrances et ses imprécations ? Cet homme assurément ne s’embarrasse pas de convenances, il déteste par-dessus tout les nuances et la pondération, il marche à la provocation. Élu pour rendre sa grandeur à l’Amérique, il compte bien utiliser tous les moyens pour qu’il en soit ainsi : et tout d’abord engager une guerre économique face à la Chine et, s’il le faut, face à ses alliés européens. Mais aussi prendre sa revanche sur tous ceux qui se sont opposés à lui, à commencer par les politiciens démocrates, les "wokistes" et progressistes de tous poils, les juges qui l’ont poursuivi, les journaux et les chaînes de télévision qui ont fait campagne contre lui. Pour tous les supporters trumpistes, pas de doute : il a dit ce qu’il va faire et il fera ce qu’il a dit.

Partant de ce principe, on peut craindre que les quatre années de son second mandat ne "libèrent" totalement les penchants les plus inavouables de Donald Trump. D’autant plus qu’il va bénéficier de pouvoirs sans partage : le Sénat, la Chambre des représentants et la Cour Suprême penchent tous de son côté – et qu’il s’est entouré de fidèles et d’"aventuriers politiques" type Elon Musk, prêts à encourager tous ses excès.

En tout cas, on pourrait prendre comme un premier excès "impérialiste", la volonté clairement énoncée par le 47e Président américain de s’emparer purement et simplement du Groenland, la plus grande île du monde qui, depuis 1914, est sous la souveraineté du Danemark. Ce n’est pas la première fois que les États-Unis souhaitent annexer moyennant rétribution ce vaste territoire d’Amérique du Nord, mais ils s’étaient à chaque fois heurtés au refus des gouvernements danois. Il faut dire que l’or, le fer, le plomb, le zinc, le nickel, le platine et les métaux rares qui regorgent dans son sous-sol, ainsi que ses réserves en pétrole et uranium, attisent des convoitises du monde entier – et notamment des Chinois –, si bien que Donald Trump menace désormais de faire main basse, et accessoirement par la force, sur cette étendue de glace si près des États-Unis. Une violation flagrante du droit international.

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Et comment interpréter cette autre folle ambition du futur Président de fusionner le Canada avec les États-Unis – "ensemble quelle grande nation ce serait !", affirme-t-il sur un ton détaché dont on ne sait s’il s’agit ou non d’une plaisanterie ?

Autant dire que Donald Trump prépare les Américains mais aussi le monde à un avenir incertain. Ses ambitions décomplexées ne sont, pour le moment, que de simples déclarations d’intention – mais, dans quelques jours, il aura réellement les moyens de les assouvir. Danger ?