«Mayotte debout », un espoir pour les Outre-mer ?

Après Emmanuel Macron, François Bayrou s’est donc rendu à
Mayotte, hier. À l’issue de ces quelques heures sur place, le
Premier ministre a annoncé un vaste plan pour rebâtir l’archipel
dévasté par le cyclone Chido : « Mayotte debout ». Lequel
doit répondre à ces rafales à plus de 200 km/h qui ont laissé à terre le
département le plus pauvre de France. Manuel Valls, le nouveau ministre
des Outre-mer, sera chargé de sa mise en oeuvre. Et si la tâche s’annonce
colossale, que l’ancien socialiste ait rang de ministre d’État est un signe
positif.

Il était temps, en effet, de considérer ce ministère autrement que comme
un maroquin où ses titulaires ne passent parfois qu’en… coup de vent.
Depuis 2017, les Outre-mer ont connu quatre ministres de plein exercice
(Annick Girardin, Sébastien Lecornu, Yaël Braun-Pivet et François-Noël
Buffet) et trois ministres délégués (Jean-François Carenco, Philippe
Vigier et Marie Guévenoux). Or, cette valse a desservi la cause des
territoires ultramarins où une urgence en chasse une autre.
En effet, le cyclone Chido à Mayotte n’a pas seulement révélé
la fragilité de l’habitat. Il a aussi mis en lumière

ce que les Mahorais ne cessent de dénoncer : une immigration
hors de contrôle et une pauvreté qui s’étend. Derrière les ravages
de Chido, c’est toute l’incompréhension avec la métropole qui apparaît au
grand jour. Or, ce constat dépasse Mayotte. Dans le portefeuille de Manuel
Valls se trouvent d’autres points chauds qui illustrent la faiblesse de ce lien.
Il y a bien sûr la Nouvelle-Calédonie qui s’est embrasée, en mai, après la
gestion calamiteuse du dégel du corps électoral. Résultat : des émeutes
d’une violence rare, onze morts, plus de deux milliards d’euros de dégâts
et des départs en masse. Là aussi il va falloir reconstruire et plus que tout
restaurer une relation de confiance avec Paris.

Aux Antilles, également, le torchon brûle. En Martinique, un mouvement
contre la vie chère a émergé. Ici, les prix des denrées alimentaires sont en
moyenne 40 % plus élevés qu’en métropole. Et là encore, des violences ont
éclaté… De Nouméa à Mamoudzou en passant par Fort-de-France, les
Outre-mer vacillent.

Pourtant à la lueur des enjeux internationaux, la présence de la France
dans cette zone indo-pacifique, théâtre des rivalités entre la Chine et les
États-Unis, ne peut être négligée. Si, à Mayotte, Paris est au pied du mur,
c’est bien toute sa politique ultramarine qu’elle doit revoir pour faire de
ces territoires une chance. Sous peine d’en être réduite, une fois encore, à
poser des cautères sur des jambes de bois.

Éditorial Sud-Ouest Jefferson Desport