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JO, Notre-Dame, Mayotte: le scandale des lois «spéciales» pas assez ordinaires
François Bayrou arrive à Mayotte avec la garantie qu’une « loi spéciale » permettra de reconstruire au plus vite le territoire dévasté. Au vu des ravages provoqués par le cyclone Chido et de l’urgence humanitaire, la mobilisation générale de l’Etat est légitime. Justifié aussi le choix de déroger à certaines règles d’urbanisme, d’environnement ou de commande publique pour effacer dans les plus brefs délais les stigmates de la catastrophe. Comme pour Notre-Dame et, dans une version plus positive, pour les Jeux olympiques.
Ce système de contournement sonne toutefois comme un aveu d’impuissance. Sans éviter les chausse-trappes de codes aussi illisibles qu’obèses, sans contracter un temps administratif étiré par des recours et contrôles alambiqués, sans s’affranchir du principe de précaution, de l'égalité des conditions et des surtranspositions, jamais l’Etat n’aurait les moyens de ses ambitions. Voilà le scandale : ces entraves dont il s’exonère, il les impose aux entreprises, asphyxiées, voire paralysées par l’inflation normative. A croire que cet enfer bureaucratique, dénoncé mi-décembre avec fracas par les PDG de TotalEnergies et d’EDF, n’est pas un drame national !
Plutôt que de se cantonner aux chantiers de prestige, Emmanuel Macron devrait s’attaquer à ce demi-siècle de sédimentation réglementaire qui étouffe la croissance autant que la pression fiscale. Parce que ses promesses répétées de simplification ne sont plus crédibles, le Parlement devrait se persuader que délégiférer est populaire, peu coûteux et, surtout, très rentable. Quant à l’administration, elle devrait troquer son goût de la complexité pour l’obsession de l’efficacité. A Mayotte comme en Mayenne, à Notre-Dame de Paris comme à Notre-Dame-de-Vaulx, aux JO comme dans le JO, que tous mènent ce combat salutaire – l’exception doit devenir la règle.