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A l'Elysée, ultimes tractations pour trouver un Premier ministre
Emmanuel Macron devrait annoncer le choix du successeur de Michel Barnier, renversé la semaine dernière, au retour de son déplacement en Pologne ce jeudi. François Bayrou tient la corde mais il est loin de faire l'unanimité.
Par Grégoire Poussielgue Les Echos
Marine Le Pen peut être satisfaite. Malgré le vote par les députés du Rassemblement national (RN) de la censure entreprise par la gauche, elle n'a jamais été aussi haute dans les sondages. Selon une étude Ifop pour « Le Figaro magazine » et Sud Radio, elle atteindrait jusqu'à 38 % des voix au premier tour de la présidentielle si elle était opposée à Gabriel Attal (20 %) et 36 % face à Edouard Philippe (25 %). Ses électeurs ne lui en veulent pas pour cette décision qui a plongé le pays dans une immense incertitude politique et budgétaire, et elle connaît une vraie dynamique.
Absente, comme les représentants de La France insoumise (LFI), de la réunion qui s'est tenue mardi à l'Elysée pour trouver une solution à la crise politique, elle se pose plus que jamais en alternative. « Ils ne se sont pas réunis pour savoir comment régler les problèmes des Français, mais plutôt comment rester sur le cheval, c'est-à-dire comment conserver leur place et comment s'assurer de conserver cette place le plus longtemps possible. […] Je n'avais rien à y faire », a-t-elle lâché sur France 2.
Bayrou contesté à gauche et à droite
De son côté, Emmanuel Macron n'en est pas là. Il cherche toujours à résoudre l'équation à plusieurs inconnues : nommer un Premier ministre qui ne connaîtra pas le sort de Michel Barnier, censuré au bout de trois mois, tout en défendant un budget au début de l'année prochaine. Passé la réunion de « méthode » organisée mardi à l'Elysée, le casting pour Matignon est entré dans sa dernière ligne droite, au lendemain de la promesse faite par Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre dans les 48 heures, soit d'ici à jeudi soir.
Ses proches évoquent une nomination au retour du président de Pologne, où il se rend ce jeudi. Les spéculations sont reparties de plus belle au cours de la journée de mercredi. Le nom de François Bayrou, qui circule avec insistance, est loin de faire l'unanimité. Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a redit son opposition à l'arrivée à Matignon du président du Modem qui incarne, selon lui, la continuité du macronisme.
La droite n'est pas très enthousiaste, sans y mettre son veto. Le maire de Pau a aussi ses partisans. Il a « l'expérience » et la « capacité », l'a défendu devant la presse parlementaire Hervé Marseille, le patron des sénateurs centristes.
« François Bayrou était le grand favori mardi, il l'était un peu moins ce mercredi », constate un conseiller. Les noms de Sébastien Lecornu, ministre de la Défense sortant, ou de Catherine Vautrin, chargée du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, circulent toujours quand d'autres ont refait leur apparition, comme celui de Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre de François Hollande.
Le socle n'a pas pu être « élargi »
Dans les ministères, on reste suspendu à l'annonce du président de la République. Emmanuel Macron a présidé mercredi ce qui devrait être le dernier Conseil des ministres du gouvernement de Michel Barnier, qui gère les affaires courantes depuis sa chute il y a une semaine, pour présenter le projet de loi spéciale destinée à éviter un « shutdown » à l'américaine.
Devant ses ministres, Emmanuel Macron n'a pu que constater que le socle sur lequel s'appuyait Michel Barnier n'a pas pu être « élargi » au cours des derniers jours et les innombrables consultations menées par le chef de l'Etat. Après la réunion de mardi, il peut au mieux espérer une hypothèse de non-censure des partis réunis autour de la table, à commencer par le Parti socialiste. En s'opposant à l'hypothèse François Bayrou à Matignon, le PS reste en fait dans la négociation pour obtenir des victoires politiques, car il n'évoque pas non plus la perspective d'une censure immédiate de son gouvernement, comme il l'avait fait pour Michel Barnier.
Les Français sont inquiets. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, ils sont 61 % à exprimer de l'inquiétude et 70 % à penser que « l'instabilité politique actuelle va durer encore longtemps et que le système est bloqué ». Plus de trois Français sur quatre demandent aux partis politiques de « s'entendre » pour débloquer la situation.