Emmanuel Macron poursuit ses consultations pour Matignon. Avec toujours cet impératif : nommer un Premier ministre capable de trouver des compromis dans une Assemblée sans majorité. Et il peut difficilement se permettre une nouvelle erreur de casting
Le jour d’après s’est levé dans la même incertitude qui a accompagné la chute de Michel Barnier, mercredi soir. Dès ce jeudi matin, Emmanuel Macron a poursuivi ses consultations pour identifier un nouveau Premier ministre capable de réussir là où l’ancien négociateur du Brexit a échoué : trouver des compromis dans une Assemblée sans majorité. Au lendemain, donc, de cette motion de censure fatale qui a vu le RN mêler ses voix à celles de la gauche, quatre noms se détachaient : François Bayrou, le maire de Pau et président du MoDem, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées désormais démissionnaire, François Baroin, le maire de Troyes et ancien président de l’Association des maires de France, et Bernard Cazeneuve, l’ancien Premier ministre socialiste.
À 73 ans, François Bayrou pourrait-il enfin atteindre l’un de ses objectifs : s’installer à Matignon ? Soutien d’Emmanuel Macron depuis 2017, le maire de Pau a toujours l’oreille du chef de l’État. Il a été reçu à déjeuner à l’Élysée ce jeudi, et lui aussi a multiplié les appels et les rencontres. Il a notamment vu Bernard Cazeneuve.
Pour l’ébauche d’un gouvernement d’union nationale ? Relaxé en première
instance dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem,
le président de MoDem peut s’avancer plus sereinement dans cette séquence.
Du côté du bloc central, on met en avant sa capacité à poser « une
séparation » entre Matignon et l’Élysée.
Fervent partisan de la proportionnelle, François Bayrou pourrait
avec une telle mesure se dégager des voix de passage pour bâtir des majorités
« texte par texte ».
Encore à droite ?
Le ministre des Armées démissionnaire, Sébastien Lecornu, apparaît
également comme une alternative. Lors du remerciement d’Élisabeth
Borne en janvier, son nom avait déjà été cité. Comme François Bayrou, Sébastien
Lecornu est un soutien d’Emmanuel Macron de la première
heure. Il est un intime du chef de l’État et de son épouse. Depuis 2017, il
a été de tous les gouvernements. Secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot,
alors ministre de la Transition écologique, puis ministre des Collectivités,
il a terminé le premier quinquennat Macron comme ministre
des Outre-mer. Depuis 2022, il est ministre des Armées, survivant au départ
d’Élisabeth Borne et de Gabriel Attal. « C’est un fin politicien, souligne
un cadre de la Renaissance. Mais il pourrait apparaître comme
trop effacé par rapport à Macron. »
Le chef de l’État, qui a souvent déjoué les pronostics,
préférera-t-il François Baroin, le maire de Troyes ? « Baroin a
rencontré beaucoup de monde, y compris des députés macronistes,
nous indiquait hier un parlementaire du bloc central. Baroin est prêt à
y aller. » Comme Sébastien Lecornu, François Baroin affiche une longue
expérience ministérielle à la fois sous Jacques Chirac – Outre-mer et Intérieur
– et sous Nicolas Sarkozy (Budget, porte-parole du gouvernement,
Économie et Finances). Certes, il a quitté la présidence de l’Association
des maires de France et s’est mis à distance de la vie politique, mais il n’en
reste pas moins, comme Michel Barnier, un homme de droite dont la famille
politique a fait 5 % aux législatives de juillet. Une critique qui ne
manquera pas de lui être adressée. Emmanuel Macron peut-il persister
dans cette voie ?
Une coalition ?
Enfin, Bernard Cazeneuve, l’ancien Premier ministre socialiste de François
Hollande, est de nouveau cité, comme en septembre. Il y a trois
mois, le Nouveau Front Populaire (NPF) s’était opposé à sa nomination.
L’ouverture du PS et des écologistes en faveur d’un accord de non-censure
avec les autres partis pourraient ils favoriser cette option ? Rien n’est
moins sûr. Car les Insoumis sont contre cette perspective de bâtir une
coalition qui irait jusqu’aux macronistes.
Si le chef de l’État peut difficilement se permettre une nouvelle erreur de
casting, chez les députés Renaissance un élément positif ressort malgré
tout du crash de Michel Barnier « Dans son intervention mercredi,
Wauquiez a surtout ciblé le RN, observait l’un d’entre eux hier. Les LR
restent arrimés au bloc central. C’est le seul acquis de la dissolution. » Il
l’assure : « Il y a une prise de conscience d’un destin commun. »
Au-delà du choix du Premier ministre, se pose la question du délai de
réflexion d’Emmanuel Macron, lui qui a toujours pris le temps. L’inauguration
de Notre-Dame, demain, en présence de nombreux chefs d’État
dont Donald Trump , le poussera-t-il à se décider, dès aujourd’hui,
de manière à ne pas parasiter cette cérémonie ? Laquelle viendra
quand même couronner, à ce stade, l’un des rares succès de son second
quinquennat.
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Historique
Détruite en partie par un incendie en 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris a rouvert ses portes samedi 7 décembre devant un parterre de chefs d’État et de personnalités, point d’orgue d’un colossal chantier de reconstruction inédit dans l’histoire de France.
Bravo Président Macron pour cette opération diplomatique à cette occasion!
À l’intérieur de l’édifice, en plein cœur de Paris, une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le président élu des États-Unis Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, des têtes couronnées, le milliardaire Elon Musk, avaient pris place. À son entrée, le président ukrainien a été longuement applaudi comme, plus tard, 160 des pompiers ayant sauvé Notre-Dame des flammes et des artisans ayant participé à sa reconstruction. Jill Biden ou le prince William étaient également présents sur place.