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Abrogation du délit d’apologie du terrorisme : La France infréquentable

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    Lionel Laparade. / DDM.  - LAURENT DARD
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Lionel Laparade La DDM
 
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La concomitance de l’arrestation de Boualem Sansal avec l’affaire de l’abrogation du délit d’apologie du terrorisme est un hasard du calendrier qui en dit long sur la liberté d’expression telle que la conçoit La France insoumise, et confirme les ondoiements de son indignation quand ses intérêts électoraux sont en jeu.
Exception faite d’Alexis Corbière qui peut désormais dire ce qu’il pense sans risquer l’excommunication dont il a déjà été frappé, il ne s’est trouvé personne dans les rangs de LFI pour condamner la décision de l’Algérie.
Naïvement, on se dit que la gauche – en particulier – de notre pays devrait se mobiliser tout entière pour exiger la libération immédiate de l’écrivain détenu à Alger sans motif légal, sinon pour l’ensemble de son œuvre. C’est chose faite chez les socialistes qui se souviennent de qui ils sont et de tout ce qui les distingue de LFI : François Hollande, Bernard Cazeneuve, Jérôme Guedj ou encore Carole Delga. Olivier Faure s’est exprimé avec les précautions d’usage, quant aux habituelles grandes gueules écologistes ou communistes, c’est silence radio. Et pourtant, le sort de Sansal est infiniment plus préoccupant que celui de Paul Watson au Groenland, sauf à considérer comme Aznavour que la misère est moins pénible au soleil…
Pour Jean-Luc Mélenchon et ses troupes, l’intellectuel franco-algérien est coupable d’un inexcusable défaut : il est trop Français dans son attachement à la laïcité, et pas assez Algérien dans son athéisme ou sa relation à Israël…
Bref, puisque ses livres parlent de la Shoah ou du communautarisme algérien dans les banlieues françaises (« Le village de l’Allemand »), et mettent en garde les démocraties sur les dangers de l’islamisme radical (« 2084, la fin du monde »), celui-là ne vaut pas mieux que Kamel Daoud ou même Salman Rushdie. Si Boualem Sansal croupit depuis dix jours dans une geôle d’Alger, c’est en définitive parce qu’il l’a bien cherché, lui dont l’œuvre est par surcroît l’objet d’une vilaine récupération de l’extrême droite pour légitimer son discours xénophobe et raciste.
Les Insoumis n’ont pas eu un mot de soutien en faveur de l’écrivain franco-algérien mais il faut les comprendre. Leur lutte du moment est dirigée contre le délit d’apologie du terrorisme dont ils réclament l’abrogation, au motif – accrochez-vous bien – qu’il contrevient à la liberté d’expression.
Pour LFI, il y a donc un mauvais et un bon usage de la liberté d’expression, et si vous ne comprenez pas la nuance, nous allons vous expliquer. Quand un intellectuel du Sud engagé contre l’obscurantisme et pour la démocratie critique le pouvoir algérien et combat l’islam politique, c’est mal. Boualem Sansal peut finir sa vie en prison, comme le craint son avocat.
En revanche, quand Mathilde Panot et Rima Hassan justifient l’attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 c’est bien, et elles ne devraient pas être importunées par la police judiciaire. Pour les Insoumis qui en ont fait un fonds de commerce électoral, on devrait pouvoir trouver des excuses aux terroristes et souffler sur les braises de l’antisémitisme en paix, et si la loi l’empêche, alors il faut changer la loi.
Quand la gauche républicaine cessera-t-elle – enfin – de s’aliéner à « La France infréquentable » ?



26/11/2024
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