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Les pesticides, boucs émissaires de la crise agricole
Au moins ne peut-on pas reprocher à la droite française
de faire semblant. Entre elle et l’écologie, ça ne colle pas.
Ce n’est pas non plus le parfait amour du côté de la gauche
mais celle-ci trouve mieux les mots pour faire croire à une
entente cordiale.
On se souvient de la phrase devenue culte de Nicolas Sarkozy au Salon
de l’agriculture 2010, « L’environnement, ça commence à bien faire »,
ou de celle de l’ex-cheffe de file de la droite néo-aquitaine, Virginie
Calmels, dénonçant en 2015 « le diktat de la bio », comme si les producteurs
bio définissaient la politique agricole tricolore. Annie Genevard,
l’actuelle ministre de l’Agriculture, n’a donc pas eu à se tordre la langue
pour choisir qui elle défendait et qui elle accusait.
L’ex-députée LR du Doubs, qui a laissé son fauteuil au secrétaire départemental
de la FNSEA – tout un symbole – n’a pas mis longtemps
pour rappeler aux syndicats agricoles qu’elle se tenait de leur
côté, ce dont on ne peut évidemment la blâmer. En visite dans
les Hauts-de-France, elle a plaidé pour la réintroduction d’un
pesticide interdit en France et, c’est vrai, autorisé partout
ailleurs en Europe.
Remettre dans le circuit un pesticide interdit suffira-t-il à éteindre
la crise agricole, absolument réelle et dramatique,
et à convaincre les mécontents de lever le camp ?
Un bouc émissaire, fût-il nourri à l’herbe bio, sert à cacher un problème,
pas à le résoudre. Elle a aussi déploré les agissements des militants
de la Coordination rurale. Parce qu’ils seraient illégaux ? Non,
parce qu’ils pourraient leur faire perdre la sympathie des Français… On
a connu la droite plus sévère envers ceux qui troublent l’ordre public.
De son côté, Michel Barnier (qui fut ministre de l’Agriculture et de l’Environnement)
a profité d’une intervention au Sénat pour jeter une
pelletée de terre sur le ZAN (Zéro artificialisation nette), décision réclamée
par l’Association des maires de France que le Premier ministre
avait besoin d’apaiser, après les Départements de France. Cela fait
quand même plusieurs reculades en quelques jours. Les défenseurs du
gouvernement Barnier pourront certes prétendre qu’il n’y a aucun mal
à effacer des mauvais choix faits par les prédécesseurs.
On constatera juste que Michel Barnier s’est d’abord employé à démontrer
que les exécutifs macronistes avaient « cramé la caisse ». Les faire
passer pour des serviteurs de l’écologie lui demandera plus d’efforts.
Benoit Lasserre édito Sud-Ouest