Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine va-t-il faire le choix de l’enfer ou de la raison ?    

Publié le 
Dominique Delpiroux La DDM
 
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Aucune attaque nucléaire n’a été déclenchée dans le monde depuis le 9 août 1945, et la destruction de Nagazaki, trois jours après qu’Hiroshima fut rayée de la carte. Il s’en est fallu de peu, en octobre 1962, lors de la crise des missiles de Cuba, que le monde ne bascule dans l’horreur atomique. Alors, est-ce qu’aujourd’hui, Vladimir Poutine pourrait, après près de 80 ans de "dissuasion", appuyer sur le bouton rouge de l’apocalypse ? C’est ce qu’il veut faire croire.

 

 

Tout est une question de timing, actuellement, dans le conflit qui s’enlise entre la Russie et l’Ukraine. Aux USA, d’ici quelques semaines, l’administration Trump va remplacer celle de Joe Biden. Et même si l’homme à la mèche orange a promis d’obtenir la paix en 24 heures, nul ne sait vraiment ce que ce nouveau président fera. Et s’il fera vraiment ce qu’il avait dit.

 

Sans doute Donald Trump estime-t-il que si l’on fait cadeau à Poutine du Dombass et de la Crimée, alors, l’ogre du Kremlin retirera ses chars avec le sourire. Mais la partie n’est pas forcément égale. Trump, c’est un joueur de poker. Il peut miser gros, et surtout bluffer. Poutine est un joueur d’échecs qui masque ses coups. Comme pour la guerre en Ukraine, il avait avancé ses pions, mais personne ne l’avait vu…

Or, il n’est pas du tout sûr qu’une part du gâteau ukrainien suffise à Vladimir Poutine. Selon bien des observateurs, ce qu’il veut, c’est bien, d’une manière ou d’une autre, avoir l’Ukraine totalement à sa botte. Même si les frontières en étaient rabotées, Poutine aurait du mal à accepter juste au bord de son empire, une démocratie encore et toujours tournée vers l’Europe, l’Otan, en tout cas, pas vers l’ancien "grand frère".

 

 

C’est sans doute en pressentant que Moscou serait intraitable, quoi qu’il arrive, que Washington vient de donner à Kiev l’autorisation d’utiliser ses armes à longues portées, histoire de tenir la machine offensive russe à distance. Poutine constate donc que ses intimidations n’ont pas eu d’effet. Alors, une fois de plus, comme depuis le début du conflit, il brandit l’arme nucléaire. Faut-il y croire ?

Même avec une frappe "tactique", limitée à une ville ukrainienne, par exemple, Poutine prendrait un énorme risque. Et l’homme n’est pas suicidaire, il suit une logique et use de tous les moyens possibles, l’intimidation en fait partie. Il sait que toute attaque nucléaire déclencherait mécaniquement une apocalypse. Mais derrière cette menace, il faut surtout comprendre qu’il ne lâchera jamais sa proie de lui-même.

Au lendemain d’Hiroshima, Albert Camus écrivait dans "Combat" : "Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison". Mais Poutine écoute-t-il son peuple ?