Un appel à la cohésion resté pour l’heure au stade d’incantation. Alors qu’elle n’a plus que deux mois avant l’investiture de Donald Trump pour se mettre en ordre de bataille et se préparer collectivement à riposter au relèvement, probablement très rapide, des droits de douane promis par le nouveau président américain, l’Europe n’est pas prête. La nouvelle Commission tarde à se mettre en place, Olaf Scholz joue cavalier seul sur l’Ukraine, la France et l’Allemagne s’embourbent dans leurs problèmes nationaux, et la perspective d’un accord commercial avec le Mercosur divise. On est loin de la cohésion affichée en 2018 quand, dans la foulée du Brexit, les représailles européennes aux attaques commerciales américaines avaient dissuadé Donald Trump d’aller plus loin.

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Cette fragmentation est d’autant plus inquiétante que, au-delà de la réponse à apporter aux Etats-Unis, l’UE doit préparer dans le même temps son plan d’action pour sortir sa compétitivité du décrochage. Hausse de la productivité, des capacités de financement européennes dans des secteurs clés comme la défense, l’industrie et la transition numérique, baisse de la réglementation, davantage de simplification et de fusions pour faciliter l’innovation… La recette inspirée du plan Draghi est pourtant connue. Mais elle risque une nouvelle fois de se fracasser sur le mur du chacun pour soi. Avec la crainte de voir l’Europe rester à l’écart du Yalta industriel en cours.