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Le maire, super-héros de la réparation démocratique

ÉDITO – Philippe Mabille, directeur éditorial de « La Tribune », fait le point sur la situation des maires de France, réunis cette semaine pour leur traditionnel congrès.
 

 

Philippe Mabille
Retrouvez l'édito de Philippe Mabille, directeur éditorial de « La Tribune », au sujet de la situation des maires de France.
Retrouvez l'édito de Philippe Mabille, directeur éditorial de « La Tribune », au sujet de la situation des maires de France. (Crédits : LTD/Cyrille George Jerusalmi)

 

Dans deux ans, les élections municipales occuperont les esprits des maires réunis cette semaine pour leur traditionnel congrès. 55 % d'entre eux envisagent de ne pas se représenter, tant la tâche leur paraît lourde et peu gratifiante. A portée d'engueulade, voire de baffes, le maire est le dernier échelon de la République. En première ligne,
il est souvent populaire, mais doit gérer des injonctions de plus en plus contradictoires, pris en tenaille en les contraintes budgétaires imposées par l'État et les exigences de ses administrés qui de plus en plus veulent participer aux décisions qui les concernent.

En réclamant aux collectivités locales un effort d'économies d'au moins 5 milliards d'euros, le gouvernement de Michel Barnier a mis les maires en colère. S'ils n'en sont pas à enfiler leur gilet jaune, les élus locaux ont l'impression d'être les victimes des décisions imposées d'en haut par un gouvernement englué dans une approche purement comptable. « Le bonneteau institutionnel auquel l'état s'est prêté depuis quarante ans a en réalité conduit à une sorte d'euthanasie des maires, amputés de leurs pouvoirs et soumis à une pression bureaucratique de plus en plus rude », dénonce Philippe Laurent, le maire de Sceaux.

 

 

Conscient du blues des maires, Michel Barnier, lui-même élu local en Savoie, a pris les devants en leur proposant, en même temps qu'il leur impose une cure sur leurs dépenses, de « bâtir un nouveau contrat de responsabilité entre l'État et les collectivités locales ». Mais comment être « responsable » quand on a perdu la maîtrise de ses recettes  : avec la réforme de la taxe d'habitation (qui demeure seulement pour les résidences secondaires), Emmanuel Macron a mis les finances des communes à nu par un cadeau fiscal de 20 milliards d'euros. Non seulement cela a rompu le lien
de proximité entre les habitants et leur territoire, sauf les propriétaires qui subissent des hausses de taxe foncière indécentes, mais cela a bureaucratisé l'échelon local de plus en plus dépendant du pouvoir central.

Le maire est au carrefour de tous ces enjeux et pourrait bien servir d'instrument à la régénération de la démocratie par le local.

 

L'adoption du budget au Sénat, chambre des collectivités locales, devrait être l'occasion de prolonger ce dialogue entre le gouvernement et les maires. Michel Barnier viendra clôturer le Congrès des Maires et il sera très attendu pour concrétiser sa promesse « d'écoute, de respect et de dialogue ». Dans son discours de politique générale, le Premier ministre a évoqué la possibilité de « renforcer les compétences » des collectivités locales, de « passer en revue les projets d'action locale empêchés par la complexité administrative ». Plusieurs sujets concrets sont sur la table  : l'assouplissement de la contrainte du zéro artificialisation nette (ZAN), qui bloque la construction en pleine crise du logement, le soutien au développement de solutions
de transport dans les zones périurbaines et rurales, les grandes oubliées des mobilités douces dont bénéficient les métropoles.

 

 

Le Premier ministre est enfin attendu sur la sécurité alors le trafic de drogue gangrène des villes petites et moyennes au point d'exaspérer les habitants. Le maire est au carrefour de tous ces enjeux et pourrait bien servir d'instrument à la régénération de la démocratie par le local. Anticipant sur la proposition de Michel Barnier d'organiser « une journée de consultation citoyenne qui permettrait à toutes les collectivités de poser une question aux citoyens et d'ouvrir un débat », ce thème de la co-construction est au cœur de cette édition du Salon des maires qui tiennent congrès porte de Versailles du 19 au 21 novembre. Un moyen de réconcilier les territoires et de fabriquer du commun. Le pays en a bien besoin...

Philippe Mabille

 



19/11/2024
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