• Sébastien Marti.
    Sébastien Marti.
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C’est la somme de toutes les peurs et la première d’entre elles s’exprime dès lundi. En protestant contre l’accord commercial du Mercosur et les promesses non-tenues, les agriculteurs inaugurent un cycle contestataire dont on ne sait pas quand il s’arrêtera. Dans leur sillage, les syndicats agricoles entraînent d’autres mécontents. D’abord, les pilotes de ligne qui se mobilisent contre le triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Puis le 11 décembre, ce sont les syndicats de cheminots qui appellent à la grève et menacent de priver les Français de trains pour Noël. Enfin, les salariés de la fonction publique s’alarment des coupes claires dans les effectifs et appellent à une journée d’action le 5 décembre. Leur inquiétude grandit face à un ministre, Guillaume Kasbarian, qui ambitionne de « dégraisser le mammouth » de l’administration à la manière d’Elon Musk.

 

Pour le gouvernement, dont la survie se joue toutes les semaines à l’Assemblée nationale, cette convergence des luttes catégorielles ne pouvait plus mal tomber. Michel Barnier, contraint aux économies pour réduire le déficit public, a déjà prévenu : sa hotte est vide, aucun cadeau n’attendra sous le sapin de Noël. C’est donc sans le sou que le Premier ministre doit affronter un premier conflit qui pourrait faire boule de neige, ou dans ce cas balle de foin.

Face aux agriculteurs, l’exécutif a peu de marges de manœuvre. Michel Barnier en a d’autant moins qu’il subit la méthode Macron du « quoi qu’il en coûte » et qu’il se retrouve comptable des promesses faites par son prédécesseur, Gabriel Attal, au mois de janvier dernier devant les « ultras de l’A64 » du leader haut-garonnais Jérôme Bayle. Par ailleurs, la colère paysanne porte essentiellement sur le traité du Mercorsur, qui se négocie actuellement entre l’Europe et l’Amérique du Sud. Or si le gouvernement français s’est rangé à l’avis de la FNSEA, qui juge l’accord déséquilibré, il est bien isolé au sein de l’Union européenne où, par exemple, l’Allemagne voit dans le continent sud-américain un eldorado pour sa production automobile. Michel Barnier est un négociateur hors pair – il l’a prouvé au moment du Brexit – mais ce ne sera sans doute pas suffisant face à l’addition des intérêts nationaux.

Enfin, le gouvernement Barnier pourrait rapidement devenir l’otage des querelles du monde agricole. Le leadership de la FNSEA vacille, et le premier syndicat de France pourrait surenchérir pour apaiser ses dissensions internes, museler certains « corsaires » comme Jérôme Bayle, et ainsi conserver le pouvoir lors des élections internes en janvier prochain. On récolte ce que l’on sème ; les dirigeants agricoles ne le savent que trop bien…

 

 

KAK_Les_Républicains_cherchent_chef 20/11/2024
 -  Kak