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Fonctionnaires, espérons qu’Elon Musk ait des idées
Donald Trump a donc nommé Elon Musk, l’homme le plus
riche de la planète, patron de X, de Tesla et de SpaceX, à la tête
d’un ministère de « l’efficacité gouvernementale ». Avec cette
mission, selon les mots du président élu des États-Unis : « Démanteler
la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives,
couper dans les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales.»
Pris à la lettre, il est tentant de lire cette feuille de route signée d’un milliardaire
à un autre, ainsi : « Vous avez carte blanche pour faire le ménage
dans tout ce qui nous empêche de développer nos business, pour qu’on
ait enfin les mains libres… » Mais il est vrai qu’une telle traduction pourrait
très vite confiner au mauvais esprit. En effet, pourquoi deux hommes
d’affaires, dont l’un investit des sommes pharaoniques dans les nouvelles
technologies, les satellites et les réseaux sociaux notamment – à
grand renfort de juteux contrats gouvernementaux… –, voudraient
s’attaquer aux « régulations excessives», si ce n’est pour le bien
de chacun ? Surtout, dans un pays où l’on pratique le capitalisme
le plus timide au monde…
Toujours est-il que, chez nous, ce n’est pas la lecture de Guillaume Kasbarian,
le ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la
Transformation de l’action publique. Celui-ci n’a, en effet, pas caché son
enthousiasme à cette nomination : « Félicitations pour avoir accepté ce
super défit Elon Musk ! J’ai hâte de partager avec vous les meilleures pratiques
pour lutter contre l’excès de bureaucratie, réduire la paperasse et
repenser les organisations publiques pour améliorer l’efficacité des
agents publics. »
Nul doute que les enseignants, les infirmiers, les policiers trépignent, eux
aussi, d’impatience pour connaître les recettes d’Elon Musk. Un robot
infirmier ?
En attendant, à lire Guillaume Kasbarian, si les services publics ne sont
pas assez efficaces, c’est qu’ils sont mal organisés. Nier qu’il existe une
jungle administrative serait absurde. Pour s’en convaincre, s’il en était
besoin, il n’y a qu’à se référer à la joie incommensurable qu’éprouvent
toutes celles et ceux qui doivent se frotter aux fameux formulaires Cerfa…
Pour autant, il nous semblait que l’Éducation nationale peinait à recruter
de nouveaux enseignants. Il nous semblait aussi que le milieu hospitalier
manquait de bras, faute… d’attractivité. La crise Covid l’a pourtant montré
: sans un service de santé robuste, c’est toute l’économie qui file en
réanimation. Espérons qu’Elon Musk ait des idées.
Jefferson Desport édito Sud-Ouest