3300- l’épouvantail du traité Mercosur 1 post

Et revoilà l’épouvantail du traité Mercosur

 

 


Il ne manquait que le retour de l’épineux dossier de l’accord commercial
avec le Mercosur pour plomber un peu plus l’atmosphère
dans les campagnes. Car la colère paysanne du début d’année,
calmée à grand-peine par les pouvoirs publics, est prête à flamber
de nouveau avec pour carburant l’éventualité que le traité de libreéchange
avec le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie
soit signé lors du sommet du G20 lundi prochain à Rio.


La levée de fourches impressionne : presque tous les syndicats agricoles
et les secteurs productifs dénoncent dans ce projet discuté depuis
des années par la Commission européenne une menace existentielle
en le présentant comme le combat du pot de terre européen contre le
pot de fer de l’agro-industrie sud-américaine. Et sur ce sujet, le monde
paysan ne peut se plaindre d’être ignoré : en témoigne l’adresse de
600 parlementaires français à Ursula von der Leyen pour la
dissuader de faire adopter le texte en l’état.


Emmanuel Macron lui-même s’est encore démarqué du projet
en octobre. La question est pourtant de savoir si la France,
dont l’influence à Bruxelles a connu des jours meilleurs, saura
faire partager ses conditions : imposer aux exportateurs sud-américains
le respect des normes environnementales et sanitaires de l’Union
européenne (UE), aligner le traité avec l’accord de Paris sur le climat et,
via les « clauses miroir », protéger à la fois la santé des consommateurs
et la compétitivité des paysans européens.


Car l’ouverture du marché agricole européen au boeuf, volailles, soja,
maïs et autres produits d’Amérique latine sera à n’en pas douter un
choc alors que se profile, au nord du continent, la menace d’un relèvement
brutal des tarifs douaniers par la nouvelle administration Trump.
Importations sud-américaines facilitées, exportations vers les États-
Unis ralenties : voilà qui suggère un effet ciseau qui s’ajouterait à ceux
des récents aléas climatiques, notamment sur la production de blé ou
de vin.


On en oublierait presque le profit que l’économie européenne peut
tirer d’un meilleur accès à cet énorme marché. L’UE a aussi à l’esprit la
nécessité de conserver ses positions en Amérique latine face à la montée
de la Chine. Mais on devine que ce type de considérations ne fera
pas fléchir l’hostilité envers ce traité mal né car trop peu disant sur la
protection du climat, le combat contre la déforestation de l’Amazonie
et la sauvegarde d’une agriculture respectueuse de l’environnement.

 

                                  Christophe Lucet édito Sud-Ouest



13/11/2024
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