• Sébastien Marti.
    Sébastien Marti.
Publié le 
 
Écouter cet article
PoweredbyETX Studio
00:00/02:23

La proposition de Rachida Dati de rendre l’entrée de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris payante a déclenché une tempête dans un bénitier. Elle a même ravivé les tensions – en sommeil depuis 1905 et la loi de séparation de l’Église et de l’État – entre laïcs et catholiques. Pour ces derniers, la proposition de la ministre de la Culture constitue une véritable déclaration de guerre, l’entrée des lieux de culte, quels qu’ils soient, devant demeurer libre et ouverte à tous.

 

Approuvé par le ministre des Cultes Bruno Retailleau, ce projet visant à fixer une entrée modique de 5 € pourrait générer 75 millions d’euros annuels destinés à l’entretien et à la restauration des monuments. Une somme bienvenue mais une goutte d’eau (bénite) tant les églises sont dans un état de délabrement avancé. Ainsi, selon la Fondation du Patrimoine, 50 000 bâtiments religieux sont dégradés, dont 5 000 en péril immédiat, menaçant de s’effondrer si aucun financement n’est assuré. Il va sans dire que la billetterie de Notre-Dame ne suffira pas seule à réparer les fissures et restaurer les toits de nos chapelles.

La proposition de Rachida Dati est frappée au coin du bon sens. Propriétaire de la cathédrale parisienne, l’État investit chaque année deux millions d’euros pour en assurer la rénovation. Par ailleurs, l’édifice popularisé par Victor-Hugo est considéré comme un site touristique majeur, au même titre que le musée du Louvre. Prélever ainsi son obole ne semble pas particulièrement déraisonnable. Certains prestigieux monuments étrangers s’y sont même convertis depuis longtemps. Ainsi, à Barcelone, on paie – et on paie cher – pour accéder à la grandiose Sagrada Familia de Gaudi.

La ministre de la Culture devrait même aller plus loin : tous les édifices qui se visitent davantage qu’ils ne servent de lieu de prière devraient être rendus payants. La cathédrale Sainte-Cécile à Albi mais aussi celles de Chartres, Rouen ou Strasbourg. L’accès au Mont-Saint-Michel, où l’entrée du monastère n’est pas gratuite, pourrait aussi faire l’objet d’une forme de péage. Une mesure vertueuse qui permettrait de protéger le site en régulant les flux touristiques et de contribuer à l’effort national en faveur du patrimoine.

Quant à l’Église catholique, on ne la savait pas aussi désintéressée. Ses protestations sont aussi déplacées qu’hypocrites. Lourdes est depuis longtemps un supermarché de la piété à ciel ouvert. Bondieuseries, cierges, prières, messes… cette petite entreprise ne connaît pas la crise. "Jésus disait : aimer ; l’Église dit : payer." écrit Victor Hugo. Paiera bien qui paiera le dernier…