Gabriel Attal-Elisabeth Borne : les dessous d’une rivalité pour diriger Renaissance
Le 7 décembre prochain, les adhérents du parti présidentiel éliront leur nouveau chef de file. Pour l’instant seule Élisabeth Borne est officiellement candidate, mais Gabriel Attal fait campagne en sous-main. Cette compétition commence à diviser le groupe à l’Assemblée.
L’une est candidate depuis plusieurs semaines mais peine à faire parler d’elle, l’autre ne s’est toujours pas déclaré mais fait l’objet de toutes les conversations. La bataille pour la présidence du parti macroniste Renaissance entre Élisabeth Borne et Gabriel Attal semble d’ores et déjà bien inégale.
L’ancienne Première ministre fait ce qu’elle peut pour l’emporter le 7 décembre prochain lors des élections internes. Elle vient de sortir un livre, Vingt mois à Matignon (Flammarion), qui est aussi un moyen de défendre son bilan. S’agaçant d’être résumée à ce cruel surnom de « Madame 49.3 », Élisabeth Borne affirme dans ses écrits ressentir « un fort sentiment d’inachevé », regrettant son limogeage par Emmanuel Macron.
Et elle attaque fortement son adversaire : « Il est essentiel de porter un projet collectivement, que ce ne soit pas une aventure individuelle », a insisté l’ancienne Première ministre mercredi matin sur France inter. L’Élysée semble la soutenir. "Le Président ne veut pas que le parti se transforme en écurie présidentielle", nous assurait récemment l’un de ses conseillers.
Front anti-Attal
Emmanuel Macron s’inquiète surtout de l’attitude d’un Gabriel Attal qui n’a pas caché qu’il désapprouvait la dissolution et a semblé parfois prendre ses distances vis-à-vis du bilan présidentiel. "Elle a toutes ses chances car si Gabriel Attal tient le groupe à l’Assemblée, les cicatrices de juillet sont toujours bien présentes", nous assure un conseiller. En effet, le président du groupe Ensemble pour la République a été alors soupçonné d’avoir tenté de barrer la route du perchoir à Yaël Braun-Pivet. Il aurait aussi écarté Aurore Bergé de la questure et Sylvain Maillard de la vice-présidence de l’Assemblée. Un front anti-Attal s’est alors constitué. Celui-ci est toujours très actif et l’un de ses membres nous assure que Gérald Darmanin pourrait s’y rallier.
Toutefois, malgré ses nombreux opposants, l’éphémère ministre de l’Éducation semble avoir le vent en poupe. Avant même de se dévoiler, il a recueilli de nombreux soutiens. Début octobre, deux tiers des présidents départementaux du parti ont appelé à sa candidature dans une tribune publiée dans le journal L’Opinion. "Gabriel a été élu à la présidence du groupe par acclamation, il ne faut pas l’oublier", nous rappelait cette semaine un ancien ministre qui le soutient. Le même ajoute : "certains sont très agacés par le TSA", entendez le Tout Sauf Attal, une référence au Tout Sauf Sarkozy qui a marqué les campagnes de l’ancien président.
Elle était candidate en premier
Reste que cette compétition interne divise désormais profondément les macronistes. Les soutiens d’Élisabeth Borne n’hésitent pas à attaquer violemment leur adversaire : "Gabriel dit toujours : je suis populaire, je suis populaire ! Mais si c’était vrai nous aurions gagné les européennes et les législatives, or notre mouvement a disparu dans des régions entières", fulmine une ancienne ministre. Et une autre d’ajouter : "il essaie de faire croire que c’est Élisabeth qui divise, sauf que c’est faux. Elle était candidate en premier, c’est lui qui a changé de stratégie."
D’un côté comme de l’autre, on se veut le garant de l’unité de la famille macroniste : "Borne a une grande capacité à faire du collectif et on en a besoin", nous affirme un soutien de la députée du Calvados. "Il y a une inquiétude sur l’unité du groupe, il y a une vraie division entre élus des villes et élus des campagnes, entre élus locaux et société civile", nous confirme un soutien du député des Hauts-de-Seine qui estime que " Gabriel est le garant de notre unité". Mais, en plein débat budgétaire, le principal challenge pour les deux candidats sera surtout de réussir à intéresser les adhérents.