EDITO. Grippe et covid-19 : pas si grave ?
C’est l’histoire de deux vieux amis qui se rencontrent dans la rue. L’un dit à l’autre :
- Alors, comment ça va, dans la famille ?
- Eh bien, mon vieil oncle vient de mourir…
- Ah bon, et de quoi ?
- La grippe…
- La grippe ? Mais c’est pas grave !
Voilà comment les idées reçues font parfois les grosses bévues. La grippe est une maladie qu’il faut prendre au sérieux. Tout comme le Covid, nous avons chèrement payé pour le savoir.
Et donc, il faudrait que, pour près de 17 millions de Français, plus tout jeunes ou trop fragiles, les premières chutes de feuilles mortes, les premières bourrasques et les premiers frimas soit comme un signal : il est temps de recevoir le double vaccin grippe – Covid : un dans l’épaule droite, l’autre dans la gauche, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait la protection. Voilà, c’est fait, on n’en parle plus, jusqu’à l’an prochain.
"La grippe ? Ce n’est pas grave !" Oui, ou du moins pas trop lorsque l’on a 20 ans et que l’on est en bonne santé. En revanche, dès la soixantaine et plus encore après 75 ans, les choses se compliquent. Les anciens ont un organisme fragilisé, et souffrent souvent de maladies chroniques : diabète, insuffisance respiratoire, faiblesse cardiaque, problèmes rénaux… Pas question pour ces personnes de prendre deux Dolipranes et attendre que ça passe : l’hospitalisation est souvent nécessaire. Et hélas, statistiquement, un quart des personnes de plus de 80 ans hospitalisées pour une grippe en meurent.
Aussi, ce qui inquiète les autorités, c’est que la couverture vaccinale patine, dans notre pays. Le spectre du Covid et son cortège de malheur s’est-il éclipsé au point qu’on le redoute moins aujourd’hui ? Il y a comme un relâchement, et c’est bien dommage. Car non seulement la vaccination protège ceux qui l’ont reçue, mais logiquement, elle contribue à freiner la circulation du virus dans le pays. Et donc à prévenir les épidémies. Les virus, quand on les laisse faire, ils en profitent. La santé des uns est tributaire de la santé des autres, et nous sommes tous sur le même bateau planétaire, qui ventile les microbes aux quatre vents du globe.
Bien sûr, la vaccination ne convainc pas tout le monde. Certains ont des convictions bien enracinées sur la nocivité de certains vaccins, et ces croyances se sont cristallisées pendant et après la crise du Covid. D’autres n’ont pas de religion sur l’efficacité des vaccins, mais refusent, en quelque sorte, qu’on leur impose tel ou tel choix. Le plus raisonnable est quand même de faire confiance à l’immense majorité des toubibs, et pour ceux qui sont concernés, de prendre le chemin de la pharmacie. Une double piqûre, parfois quelques réactions… mais ça, au moins, ce n’est vraiment pas grave.