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Good cop, bad cop
C'est l'histoire naissante d'un duo de choc. Depuis la prise de fonctions du gouvernement de Michel Barnier, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, s'est imposé par son verbe haut et tranchant au point de faire passer son prédécesseur Gérald Darmanin pour un parangon de modération et de tolérance. Dès son intronisation, il s'est voulu un héritier rugissant du Tigre Clemenceau en clamant : « Nous ne devons rien, absolument rien laisser passer. »
Ses formules chocs d'un homme de droite qui s'assume sont destinées à rassurer Les Républicains et à donner des gages de fermeté et d'intransigeance à un RN très sourcilleux en matière de politique migratoire. De quoi rappeler le volontarisme de Nicolas Sarkozy, voire celui du binôme Pandraud-Pasqua en 1986. Le Vendéen emprunte d'ailleurs à son prédécesseur corse une communication qui ne fait pas dans la dentelle.
La visite des deux hommes à la frontière franco-italienne illustre le fonctionnement de ce duo. Le Premier ministre juge que le traitement des demandes d'asile dans un pays tiers n'est pas transposable en France et joue sur les accords avec de possibles pays d'accueil comme l'Égypte ou le Maroc. Le ministre de l'Intérieur, lui, annonce l'augmentation des places en centre de rétention pour les OQTF et du nombre de fonctionnaires chargés de les encadrer. En tout cas, Barnier, comme Retailleau, bénéficie d'un contexte favorable pour mettre en place des mesures de durcissement en matière de politique migratoire. La présidente de la Commission de Bruxelles a promis cette semaine d'accélérer la mise en œuvre du pacte sur la migration et l'asile.
À Paris, les ambitions de Bruno Retailleau pour rétablir l'ordre risquent de se heurter aux contraintes budgétaires, comme en témoigne la réduction de 40% du montant alloué à la lutte contre l'immigration irrégulière, qui a soulevé les protestations d'Éric Ciotti. Le principe de réalité - faire mieux avec moins de moyens - va vite s'imposer au gouvernement dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres. On voit mal le Premier ministre, qui a déjà prévu 40 milliards d'économies et 20 milliards d'impôts supplémentaires, alourdir davantage la barque. Il devra d'ailleurs très vite stopper ce délire fiscal après les quelque 50 milliards de hausse votés en commission des finances !
Les Français observeront avec un mélange de curiosité et d'exigence le fonctionnement... et les résultats du tandem Barnier-Retailleau. Sans doute tous deux devront-ils méditer ces mots de Joseph Fouché, illustre ministre de la Police : « Il y a quelque chose de plus utile que la force, c'est de savoir l'employer. »