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La colère agricole, tout sauf un feu de paille
Des banderoles installées en Dordogne par la Coordination
rurale, avec ce message rappelant la minuterie d’une
bombe à retardement : « Tic-tac ». Des panneaux de communes
retournés ou échangés dans plusieurs départements
par les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA. Six mois après leur
démonstration de force, la colère monte de nouveau dans le monde
agricole où, un à un, les voyants repassent au rouge vif.
Impossible de s’en étonner tant le degré d’exaspération et d’inquiétude
n’a, en réalité, jamais baissé. Et ce d’autant moins que céréaliers et
éleveurs viennent de traverser un été particulièrement rude. Les premiers
doivent affronter la pire récolte de blé depuis quarante ans,
quand les seconds ont vu leurs troupeaux frappés par des crises sanitaires
à répétition. De quoi jeter un peu plus d’huile sur le feu et manger
la grenouille, même si le mal est plus profond.
Certes, après leur mobilisation record de l’hiver, les agriculteurs
ont fini par reprendre le chemin des champs. Le gouvernement
disait avait compris leur ras-le bol– contrôles, trop de normes,
concurrence déloyale…
Or, sept mois plus tard, le même sentiment de lassitude domine.
Et pour cause. Avec la dissolution de l’Assemblée nationale, l’examen du
projet de loi d’orientation agricole, pourtant voté en première lecture
après quatre mois de débats intenses, n’a pu aller plus loin. Désormais à
l’arrêt, les défis auxquels entend répondre ce texte, le sont aussi. Et ils ne
sont pas minces : adapter les exploitations au changement climatique,
renouveler les générations, faciliter les projets de retenues d’eau…
Autre source de crispation : les retards de paiement des aides s’accumulent,
fragilisant un peu plus encore des trésoreries exsangues.
Résultat : le chaudron agricole est de nouveau en ébullition. Si rien ne
bouge, les avertissements de ces derniers jours laisseront place à l’action.
Avec cette nuance : depuis leurs manifestations de cet hiver, le
macronisme s’est arrêté, fauché net par cette dissolution kamikaze qui
apermis à la droite moribonde d’envoyer à Matignon Michel Barnier.
Alors que le budget pourrait le laisser sur la paille, au moins l’ancien
ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy ne découvre-t-il pas la
pluie. Mais avec des finances à sec, les marges de manoeuvre s’annoncent
maigres. Et les agriculteurs veulent désormais du concret. Les
aléas climatiques s’intensifiant, leur difficulté persistant, il y a urgence
à repenser la ferme France. Sous peine de s’exposer à d’autres tempêtes.
Les agriculteurs le savent : on récolte ce que l’on sème…
Jefferson Desport édito Sud-Ouest