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Place au cirque budgétaire
C’est un bouleversement qui peut déstabiliser la pratique du pouvoir. Jusqu’ici considéré comme l’acte politique le plus important d’une majorité, le vote du budget va cette année devenir l’acte… le moins important de l’actuelle majorité relative.
Cette dégringolade statutaire est d’abord la conséquence de la manière dont a été constitué l’attelage hétéroclite qui soutient le gouvernement Barnier : nommé après deux mois de vacance, le Premier ministre a été obligé de construire son équipe avant de dévoiler son projet. Il ne pouvait pas faire autrement, mais le résultat est que chaque membre du « bloc central » est venu avec son petit lot de certitudes budgétaires et fiscales, bien décidé à peser sur ce qui devait être l’acte fondateur du gouvernement : le budget 2025. Il ne faut donc attendre aucune unité de vue entre les quatre principaux partis de la majorité, aucune cohérence d’action.
La deuxième cause du déclassement prévisible de la loi de finances tient à l’usage inévitable de l’article 49-3 par le gouvernement minoritaire. Ce n’est certes pas la première fois qu’un Premier ministre en passe par là, mais jamais jusque-là ce recours au 49-3 n’avait été d’entrée de jeu une certitude absolue. Et comme le gouvernement peut déclencher cette arme à n’importe quelle étape de la discussion et ne retenir que les amendements qui lui conviennent, chaque député peut se sentir libre de proposer n’importe quelle lubie en pariant que cela lui permettra de marquer son territoire politique.
La fantaisie va donc être à l’honneur, on le perçoit déjà dans les amendements de la majorité. Le risque est que certaines propositions passent tous les filtres et que le texte final n’ait aucune cohérence. Chacun, alors, pourra se positionner à sa guise, et pourquoi pas s’abstenir de voter pour le budget sans pour autant sortir de la majorité. Du jamais vu sous la Ve République.