3234-pour en finir avec le déni de réalité 6 posts

 

 
Hollande a matraqué fiscalement les Français, Macron a parié que la croissance économique suffirait à remplir les caisses de l’Etat. Cela faisait les affaires des Français qui s’étaient accoutumés aux coups de pouce du gouvernement. Et des politiques pour qui le clientélisme était devenu un horizon indépassable. C’est avec cette logique que le Premier ministre doit rompre
Nicolas Beytout L'Opinion
 
 
Nicolas Beytout 2024
 

Il fallait être naïf pour croire que seuls les « riches » allaient être touchés par des hausses d’impôts. Relèvement de taxes, baisse des aides, des chèques et autres subventions, suppression de niches fiscales ou sociales, tous les Français et toutes les entreprises vont, directement ou pas, ressentir les conséquences du budget et du projet de loi de financement de la Sécu adoptés jeudi en Conseil des ministres.

 

 

 

Le choc est rude. Etait-il évitable ? En partie, oui, mais au lieu de stigmatiser les « riches », il aurait pour cela fallu s’attaquer vraiment aux dépenses publiques structurelles, aux doublons, aux budgets inutiles alloués à des « machins » dont les travaux ne servent qu’à caler les armoires ; il aurait fallu s’attaquer au nombre des fonctionnaires, aussi, en négligeant les habituels cris d’orfraie des autoproclamés défenseurs du service public qui, à force d’organiser l’immobilisme, le laissent impunément s’installer dans l’inefficacité. Une affaire de plusieurs années.

 

Or, les comptes n’attendent pas. Ce que payent aujourd’hui les Français a un nom : le déni de réalité. Celui pratiqué à grande échelle dans les années Hollande et Macron, en matraquant fiscalement les Français pour le premier, et en pariant que la croissance économique suffirait à remplir les caisses de l’Etat pour le second. Cela faisait les affaires des Français, tout du moins de ceux qui s’étaient accoutumés aux coups de pouce du gouvernement. Et cela faisait les affaires des politiques pour qui le clientélisme était devenu un horizon indépassable.

 

C’est avec cette logique que Michel Barnier doit rompre.

 

Pour réussir, il devra répondre à quatre défis. D’abord celui des marchés Avec une charge de la dette qui dépassera en 2025 la somme vertigineuse de 60 milliards d’euros, soit un montant supérieur à ce que nous dépensons pour notre défense, l’émergence d’un doute se paierait cher. Or, les arbitres que sont les agences de notation vont décortiquer la copie de Michel Barnier, la jauger, soupeser sa crédibilité, évaluer sa trajectoire avant de délivrer, dans les semaines qui viennent, un verdict qui donnera le ton chez nos créanciers. Longtemps réservé à un petit club d’initiés, ce verdict a désormais une résonance politique forte. C’est le lot des pays qui perdent le contrôle de leurs finances publiques de voir surgir, dans le vocabulaire du quotidien, des noms barbares comme Moody’s ou Standard and Poor’s. Ils deviennent un sujet de débat, voire de prise de conscience dans l’opinion publique.

 

C’est le deuxième défi que doit surmonter le Premier ministre. Longtemps bercé par la douce mélopée des économistes de gauche qui ont inlassablement expliqué que, les taux d’intérêt étant à zéro, s’endetter toujours plus était un bienfait, le pays commence à réaliser que lever l’an prochain 300 milliards d’euros de dettes est un problème. Comme toujours dans ces domaines où les chiffres ne signifient plus rien tant ils sont loin de la réalité, il suffit de quelques symboles pour faire changer le regard : la France emprunte aujourd’hui à un coût plus élevé que la Grèce. Oui, la France est en crise. Dès lors, deux visions vont s’affronter chez les Français partagés entre ceux qui pensent que la situation n’est pas si grave et qu’il suffit de prendre l’argent là où il est (les fameux « riches » et les entreprises), et ceux qui réalisent que cette course à la socialisation du pays nous mène tout droit vers un appauvrissement. Et qu’il vaut mieux un plan de rigueur aujourd’hui plutôt qu’une cure d’austérité demain.

 

Beaucoup dépendra de la capacité de la majorité relative sur laquelle s’appuie Michel Barnier à endosser ce discours. C’est le troisième défi du chef du gouvernement. Problème : ces derniers jours donnent clairement le sentiment que ce n’est pas gagné… Les manœuvres politiques médiocres l’ont déjà emporté à plusieurs reprises sur l’intérêt commun de cette drôle de majorité assemblant Républicains et macronistes. Et plus les amendements fuseront pour défendre telle prébende, sauvegarder tel droit acquis ou exception, plus le regard des Français se détournera de l’essentiel : rompre avec la politique de l’argent gratuit.

 

Car c’est là le quatrième défi posé au Premier ministre, et ce n’est pas le moindre : Emmanuel Macron laissera-t-il faire ce qu’il n’a pas voulu assumer ? Président battu, le voici contesté dans ses choix fiscaux (la fin de la stabilité des impôts), budgétaires et sociaux (la fin du « quoi qu’il en coûte »), sans compter le virage total sur sa politique en matière d’immigration (la fin du laisser-aller).

 

C’est bien d’une cohabitation qu’il s’agira, rendant la tâche de Michel Barnier plus difficile encore.



12/10/2024
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