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Voiture électrique : la charrue avant les bœufs

  • Lionel Laparade. / DDM.
    Lionel Laparade. / DDM.  - LAURENT DARD
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Lionel Laparade La DDM
 

Dans un contexte plus incertain que jamais pour la filière, le Mondial de l’auto qui fête cette année à Paris son 90e anniversaire a choisi, faute de mieux, de regarder l’avenir avec les yeux d’Emile Coué.
C’est en tout cas ce que suggère l’affiche du millésime 2024 de ce grand rendez-vous dédié à la voiture d’aujourd’hui et de demain. Sur fond de couleurs flashies et électriques, on voit surgir une sportive, pneus larges et lignes acérées, qui nous rappelle que la bagnole, moyen de transport préféré des Français, reste encore un objet de plaisir. "Let’s celebrate !" proposent également les organisateurs de l’événement. La célébration donc, comme exutoire à la morosité qui étreint la plupart des constructeurs européens rassemblés porte de Versailles. Pendant une semaine, à la façon du pharmacien et psychotechnicien français, il s’agira de faire comme si rien ne clochait : "Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux".

 

 

Or, nos industriels de l’automobile peuvent toujours répéter vingt fois par jour la formule d’autosuggestion de la méthode Coué, leurs difficultés ne s’en trouveront pas résolues comme par enchantement…

Sommé de se convertir au tout électrique par Bruxelles, ce secteur d’excellence et d’innovation, dernier bastion industriel européen, voit poindre une crise sans précédent.

On pourrait dire que depuis 2020, l’automobile se trouve dans l’impasse. Toujours pas remise de l’épisode du Covid, avec des ventes en 2024 de 23 % inférieures à 2019, la filière doit relever le défi du passage à l’énergie décarbonée à marche forcée.

 

Ainsi en a décidé l’Union européenne : en 2035, plus une seule voiture à moteur atmosphérique ne devra sortir des chaînes des constructeurs français, allemands ou italiens.
Que les Chinois aient acquis quinze ans d’avance grâce à un véritable plan stratégique qui fait d’eux les leaders, dans le domaine des batteries notamment, ne change rien à l’affaire. Pas plus d’ailleurs que les 50 000 emplois supprimés dans l’industrie automobile française depuis 7 ans, ni même l’inquiétude de 14 millions de travailleurs en Europe.

S’il n’y a rien à objecter aux raisons environnementales et climatiques qui précipitent la filière en zone de turbulences et peut-être de tempête, les constructeurs ont en revanche beaucoup à dire sur la méthode.
Entre injonctions normatives, concurrence mortifère et vision fantasmée d’un marché intérieur dont tout démontre – prix des véhicules, infrastructures de charge, – qu’il n’est pas mature, les industriels de l’automobile se sentent pris au piège d’une mécanique qui s’est emballée au même rythme effréné que le dérèglement climatique.
Ces professionnels des transports ont le sentiment qu’on a mis la charrue avant les bœufs…

 
 
 


15/10/2024
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