3229-de Jupiter à spectateur

Macron, de Jupiter à spectateur

 


Un budget 2025 en rupture avec les sept dernières années. Et
un chef de l’État qui se retranche désormais sur son domaine
« réservé », l’international et ses soubresauts. Dans
l’histoire des deux quinquennats d’Emmanuel Macron, ce
jeudi 10 octobre viendra s’ajouter à la longue liste des dates marquantes
de cette aventure politique débutée en 2017 en renversant toutes les
tables.


Certes, Antoine Armand, le nouveau ministre de l’Économie, est un pur
produit du macronisme. Mais le projet de loi de finances qu’il a détaillé,
dans l’après-midi à Bercy, présentait une singularité majuscule. Pour la
première fois depuis sept ans, c’est bien à Matignon, sous l’égide de
Michel Barnier, et non à l’Élysée, qu’il a été conçu. Si l’on voulait illustrer
les nombreuses conséquences de cette dissolution de l’Assemblée
nationale et des législatives qui ont suivi, cette séquence est un des
exemples les plus significatifs.


Ce 10 octobre est, en effet, venu illustrer toute la situation d’Emmanuel
Macron aujourd’hui : celle d’un chef de l’État en cohabitation.
D’un chef de l’État, qui après avoir fait de la baisse des
impôts un mantra intangible, se retrouve simple spectateur du
retour en grâce de la fiscalité comme remède au dérapage

budgétaire. Un choix d’autant plus sévère
à son égard que ces hausses d’impôts ciblées ne concerneront que les
plus grands groupes et les contribuables les plus fortunés, ces 0,3 % des
Français pour lesquels il avait supprimé, dès son entrée à l’Élysée, l’ISF,
l’impôt de solidarité sur la fortune.


La scène d’hier était d’autant plus cruelle que pendant qu’Antoine
Armand présentait le projet de loi de finances 2025, Emmanuel Macron
recevait, lui, à l’Élysée, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien,
en pleine tournée européenne. Désormais, le chef de l’État n’a
plus qu’un agenda international quand, il y a cinq mois encore, il était
au four et au moulin, en hyperprésident jupitérien. Certes, de la guerre
en Ukraine au risque d’un affrontement direct entre Israël et l’Iran, les
alertes ne manquent pas et la voix de la France doit plus que jamais se
faire entendre.


Mais contrairement à François Mitterrand et à Jacques Chirac, il ne
pourra profiter de cette cohabitation pour préparer la prochaine présidentielle.
La Constitution est formelle : pas plus de deux quinquennats
d’affilée. Dissoudre comme il l’a fait le 9 juin, c’était aussi prendre le
risque de mettre, sinon un terme – l’histoire le dira – du moins sur
pause sa présidence. Il y est.

                                          Jefferson Desport édito Sud-Ouest



11/10/2024
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