• Lionel Laparade. / DDM.
    Lionel Laparade. / DDM.  - LAURENT DARD
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Lionel Laparade
 
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À cet instant de crise absolue où la France se retrouve au pied du mur, tout peut arriver, selon que le renoncement ou l’audace triomphe, maintenant et pour les temps qui viennent.
En rédigeant son discours de politique générale qui doit notamment fixer les grandes orientations budgétaires et fiscales du nouveau gouvernement, on imagine Michel Barnier se replonger dans l’ouvrage de l’historien, avocat et député Jean-Louis Thiériot, "De Gaulle, le dernier réformateur". D’autres à sa place convoqueraient plus volontiers la révolution bolivarienne au chevet du pays, mais à chacun son général. Pour le Savoyard qui s’est amouraché du personnage lorsqu’il était adolescent, c’est l’homme du 18-Juin.
Le nouveau Premier ministre et son héros ne partagent pas que leur grande taille. Ils ont aussi en commun "une certaine idée de la France", le même goût pour l’ordre et les souliers bien cirés et depuis peu, le même destin.
L’Histoire revenant souvent sur ses pas, le montagnard sorti de sa retraite en Sologne le 5 septembre dernier pourrait répéter mot pour mot ce qu’avait déclaré "l’ermite de Colombey" à son retour aux affaires en 1958. "Sur tous les postes à la fois, nous sommes au bord du désastre".
Inflation galopante, budget de l’État à découvert de 1 200 milliards d’anciens francs, balance commerciale défavorable, ralentissement de l’économie : lorsqu’on l’examine aujourd’hui, le portrait que De Gaulle fait du pays en entrant à Matignon résonne d’une cruelle actualité. "En somme dira-t-il, l’alternative c’est le miracle ou la faillite".
Cinquante ans plus tard en 2007, François Fillon fera lui aussi l’aveu "d’être à la tête d’un État en faillite", après quoi, comme ses prédécesseurs et successeurs rue de Varenne, il continuera de creuser les déficits…
Le "Grand Charles" qui tenait la France en haute estime ne se résoudra pas au déclin du pays aux 365 fromages. À l’époque, il considère la demande d’aide faite au FMI comme une humiliation, et à travers le plan de redressement financier qu’il mettra en œuvre trois mois après son arrivée à Matignon, il s’agira non seulement de guérir "l’homme malade de l’Europe", mais aussi de laver l’honneur. Après dix ans de pouvoir, il y est parvenu, laissant en 1969 une France plus forte aux plans économique, industriel ou diplomatique qu’elle ne l’était en 1958, même si tout n’a pas fonctionné.
Le propos n’est pas ici de tresser des couronnes de lauriers au Général de Gaulle, de se réfugier dans son souvenir comme s’il n’y avait rien de mieux à inventer quand soufflent les vents mauvais, mais au contraire de croire en l’avenir.
Il n’y a pas de fatalité pour qui ose regarder lucidement la France en face et tenir à son peuple un discours de vérité. C’est ce qu’il faut espérer de Michel Barnier aujourd’hui et attendre de ceux qui nous gouverneront demain. On dirait que la gauche sociale-démocrate réunie ce dernier week-end à Bram est sur le bon chemin…