3201-Requiem pour La Poste de proximité

 

Requiem pour La Poste de proximité

 

 


La sensation de délaissement de nombreux Français vivant en
milieu rural ne va pas se dissiper à l’annonce d’une amputation
des moyens consacrés à entretenir le maillage postal du
pays. On veut parler de ces 17 000 agences maintenues sous
perfusion par un contrat pluriannuel entre l’État, La Poste et l’Association
des maires, et qui devrait être amputé cette année de 50 millions
d’euros. Dans ces petites communes où la présence de La Poste et la
tournée du facteur incarnent la présence du service public, la possible
fermeture de bureaux aux amplitudes horaires déjà problématiques
est le signal de son délitement. Mais le phénomène touche aussi les
quartiers des métropoles. Ainsi les élus lyonnais se plaignent-ils qu’en
six ans, la troisième ville de France aura perdu le quart de ses guichets.
Et elle n’est pas la seule.


Cette érosion continue n’est pas le fruit du hasard. Certains la
mettent sur le compte de la transformation de l’établissement
public de La Poste en société anonyme qui n’aurait
d’autre souci que la rentabilité. Mais on sait qu’en dépit d’efforts
de diversification, la numérisation massive

des échanges ou la baisse de l’usage des billets de banque
ont laminé le fonds de commerce de cet emblématique service public.
Cette évolution serait cependant mieux vécue si les Français ne vivaient
pas un décalage entre leurs besoins sociaux et les moyens qui
leur sont alloués. Tel est en tout cas le constat du récent rapport du
collectif de fonctionnaires « Nos services publics » : il énumère les
domaines – transports, santé, éducation, sécurité… – où il lui apparaît
que la population ne trouve plus son compte.


Des trains qui ne s’arrêtent pas, des hôpitaux publics surchargés, des
professeurs non remplacés, une police de proximité insuffisante : la
liste est longue des signaux d’alarme illustrant cette dérive que le développement
de services privés, parfois plus performants mais aussi plus
chers, ne compense pas toujours, surtout auprès des plus vulnérables.
C’est pourquoi ce coup de canif dans la pérennité d’un réseau postal
accessible à tous n’a rien d’anodin au moment où la demande sociale
de renouveau du service public est aussi forte que les contraintes budgétaires
pesant sur le gouvernement et les collectivités. Est-il pertinent,
pour faire des économies, de raboter 50 millions sur La Poste de proximité
? C’est une des innombrables questions d’un budget 2025 en
forme de quadrature du cercle.



28/09/2024
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