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Au gouvernement, les cumulards sont de retour 

 

 

Il est temps pour Michel Barnier de penser à ouvrir un atelier
recadrage au rez-de-chaussée de Matignon. Le Premier ministre
a d’abord admonesté son ministre de l’Économie, Antoine Armand,
pour ses déclarations sur le RN. C’est oublier que celui-ci a
été réélu en Haute-Savoie face à un candidat d’extrême droite, et pas le
plus doué. Arrivé troisième, le concurrent Insoumis a appliqué les
règles du front républicain et s’est retiré. Le chef du gouvernement s’est
ensuite tapé sur ses propres doigts en effaçant le fâcheux oubli d’un
ministère dédié au handicap, et il est facile de deviner qu’il fait des
réserves de savon pour les prochains jours et les futurs couacs.


En revanche, Michel Barnier reste muet envers ses quatre ministres
– trois maires, dont l’un est aussi vice-président de Région, et un président
de Conseil départemental – qui ont annoncé qu’ils cumuleraient
leur maroquin avec leur mandat exécutif local, contrevenant
ainsi à une règle instituée par Lionel Jospin en 1997 qui
stipule qu’on ne peut être ministre tout en dirigeant une
municipalité ou un Département. 

 

Ces nouveaux venus ne se mettent certes pas hors la loi
puisque la règle est non écrite, à l’inverse de la loi votée pendant le
quinquennat Hollande qui bannit la possibilité d’être à la fois parlementaire
et patron d’une collectivité locale.

 

 

 

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, pourtant symbole d’un nouveau
monde, on voit bien que cette doctrine ressemble à une boule de
neige qu’on laisse au soleil. Des ministres comme Jean-Yves Le Drian,
Sébastien Lecornu ou Gérald Darmanin l’ont joyeusement – et impunément
– piétinée. Rachida Dati, qui se lève et se couche en rêvant de
détrôner Anne Hidalgo à Paris, garde la mairie du 7e arrondissement
(près de 48 000 habitants). À droite comme à gauche ou au centre, un
nombre croissant d’élus réclame la fin du non-cumul, stigmatisant une
prétendue déconnexion du terrain. Mais quelle est la collectivité dont
le chef a cédé son écharpe qui aurait sombré dans l’endettement, la
neurasthénie ou l’anarchie ? Cette attitude relève plutôt d’un syndrome
répandu dans notre classe politique : se prendre pour le
meilleur, se croire irremplaçable.


Cela traduit aussi le peu de confiance qu’accordent ces quatre élus à la
longévité du cabinet Barnier. De fait, ils resteront sans doute moins
longtemps ministre que maire ou président de Département. Autant
garder son écharpe au chaud. Et Michel Barnier a d’autres cadres à
remettre droit.

 

                      Benoît Lasserre édito Sud-Ouest



26/09/2024
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