ÉDITORIAL : les ambiguïtés du gouvernement BarnierPhilippe Rioux

  • Philippe Rioux DDM - DDM
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En regardant attentivement la composition du gouvernement de Michel Barnier annoncée samedi, soixante-seize jours après les élections législatives, un poste ministériel interpelle. Si le Premier ministre disposera comme ses prédécesseurs d’une ministre déléguée chargée des Relations avec le Parlement – poste capital avec une Assemblée nationale divisée comme jamais pour un gouvernement sans majorité absolue – il aura également à ses côtés une autre ministre déléguée chargée… de la Coordination gouvernementale. Cette nouveauté en dit long sur la fragilité de ce gouvernement accouché au forceps entre les macronistes et les Républicains. Missionner Marie-Claire Carrère-Gée pour mettre de l’huile dans les rouages gouvernementaux et créer du liant entre les 39 ministres souligne combien cette équipe, née de formations sanctionnées aux législatives, présente des failles et des incohérences.

 

Difficile, en effet, de trouver plus éloignés que des marcheurs comme Agnès Pannier-Runacher ou des centristes pro-européens comme Jean-Noël Barrot de figures de la droite conservatrice et réactionnaire proche de la Manif pour tous comme Bruno Retailleau ou Laurence Garnier. Pendant des années les seconds ont mis en scène leur opposition frontale, outrancière parfois, à Emmanuel Macron, jurant ne pouvoir travailler avec des macronistes au nom du mandat confié par leurs électeurs ; et les voilà aujourd’hui dans une même équipe avec leurs adversaires d’hier. Entre des ministres macronistes pour l’essentiel sans poids politique, inconnus des Français et parfois nommés à des postes pour lesquels ils n’ont montré aucune compétence particulière – comme à l’Éducation nationale – et des élus LR qui ont accepté un maroquin – celui de la dernière chance parfois pour certains – pour pouvoir revenir aux affaires après douze ans d’absence, le dénominateur commun paraît bien mince. Marier la carpe et le lapin, surtout en politique, est toujours périlleux…

Mais au-delà de la forme, c’est bien le fond qui paraît le plus fragile dans cet attelage gouvernemental. Quelle politique sera réellement menée sur l’économie, la fiscalité, l’immigration, la sécurité, les droits des femmes et des LGBT, l’Europe, l’industrie, le numérique, etc. ? Le flou domine et personne ne sait réellement et précisément quel est le programme du gouvernement.

L’arrivée en force des très droitiers soutiens de l’ancien Premier ministre François Fillon a surpris à gauche bien sûr mais aussi dans le camp présidentiel, dont certains historiques ne cachent pas leur malaise voire leur effroi face aux positions et visées politiques des ministres LR. Au point que Gabriel Attal est monté au créneau hier, assurant à ses troupes que le groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) restera « fidèle à ses valeurs et libre dans ses prises de position ». Et l’ex-Premier ministre de demander à Michel Barnier « d’affirmer clairement dans sa déclaration de politique générale qu’il n’y aura pas de retour en arrière sur la PMA, le droit à l’IVG, les droits LGBT ». N’aurait-il pas fallu s’en inquiéter avant de nouer une alliance ?

On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment, disait le cardinal de Retz. À force d’avoir trop entretenu les ambiguïtés, Michel Barnier, de plus en plus menacé par des motions de censure, va devoir en sortir, rassurer ses alliés, dire sa position face au RN, et expliquer enfin clairement aux Français – qui lui ont donné une bonne cote de popularité – ce qu’il veut faire… si l’Assemblée lui en laisse le temps.

 

 

KAK 22/09/2024 KAK

 

dessin de KAK L'Opinion

                                 

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L’ALLEGORIE DE LA CAVERNE DE PLATON
écrit entre 384 et 377 avant J.-C.
Découvrez l'allégorie qui défie notre perception du monde.
 
Dans le livre VII de "La République", Platon présente l'une des allégories les plus célèbres et les plus profondes de la philosophie occidentale : le mythe de la grotte.
Ce récit n'est pas seulement un récit fascinant, mais aussi un outil puissant pour comprendre la théorie de la connaissance et la perception de la réalité, concepts centraux dans la pensée platonique.
Imaginez une grotte noire où un groupe de prisonniers est enchaîné depuis sa naissance. Ces prisonniers sont immobilisés de telle façon qu'ils ne peuvent regarder que vers un mur devant eux. Derrière les prisonniers, il y a un feu et, entre le feu et les prisonniers, il y a une route élevée. Sur cette route, des gens passent en portant des objets et des figures de diverses manières qui projettent des ombres sur le mur que les prisonniers peuvent voir. Pour ces prisonniers, ces ombres sont la seule réalité qu'ils connaissent.
Les ombres dans la grotte symbolisent l'ignorance et la perception limitée de ceux qui n'ont pas atteint la vraie connaissance. Elles représentent une réalité déformée et superficielle, une métaphore de la façon dont les apparences et les perceptions peuvent tromper notre compréhension de la vraie nature des choses.
Le mythe prend un tournant significatif quand un des prisonniers est libéré. Au début, ce prisonnier ressent une douleur aiguë et une confusion intense en étant exposé à la lumière du feu et finalement au soleil du monde extérieur. La lumière est aveuglante, et le prisonnier lutte pour comprendre cette nouvelle réalité. Petit à petit, ses yeux s'habituent et commence à voir le monde tel qu'il est : couleurs, formes, vasteté du ciel et éclat du soleil. Ce processus symbolise le chemin vers la connaissance et l'illumination intellectuelle, un voyage ardu et douloureux mais profondément transformateur.
Le prisonnier libéré réalise que les ombres dans la grotte ne sont pas la réalité, mais de simples illusions. Dans son désir de partager cette révélation, il retourne à la grotte pour libérer les autres. Cependant, en revenant, il rencontre de la résistance et est incompris par ceux qui sont encore enchaînés. Pour eux, les ombres restent la seule réalité valable, et la proposition d'une réalité différente est inconcevable et menaçante. Ce retour souligne la difficulté de transmettre et d'accepter la vérité dans un monde habitué aux illusions, reflet de la résistance humaine au changement et à l'acceptation de nouvelles vérités.
Le mythe de la grotte illustre donc non seulement la théorie épistémologique de Platon, mais aussi sa vision de l'éducation et du rôle du philosophe dans la société. Le philosophe, comme le prisonnier libéré, a la responsabilité de guider les autres vers la lumière de la connaissance, même si cela implique de faire face à l'incompréhension et à la résistance.
En fin de compte, cette allégorie nous invite à remettre en question notre propre perception de la réalité et à reconnaître l'importance de rechercher la connaissance au-delà des apparences. Il nous défie de briser nos propres chaînes et de sortir de nos grottes personnelles dans la recherche d'une compréhension plus profonde et plus vraie du monde. ✨�✨�✨
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