Quand le PS se destitue moralement

Si on s’en tient à la définition malveillante (et répandue) du
jésuite, synonyme d’expert de la duplicité et du double jeu, on
peut considérer que le Parti socialiste préfère désormais le
patronage d’Ignace de Loyola à celui de Jean Jaurès. Ne
soyons pas naïfs, aucun autre parti politique ne sera légitime pour lui
jeter la pierre car, au bal politique des hypocrites, on se bouscule au
portillon.

Cela dit, Olivier Faure et l’état-major du PS viennent de récolter une
brassée de lauriers à propos de la procédure de destitution du président
de la République lancée par les Insoumis. Les héritiers de Léon
Blum et François Mitterrand ont en effet homologué la recevabilité
de la requête mais ont précisé sur-le-champ que, recevabilité ne
valant pas approbation, ils voteraient contre lorsqu’elle serait examinée
par la Commission des Lois de l’Assemblée nationale. Examen
qui n’est d’ailleurs pas garanti selon son président, le
macroniste girondin Florent Boudié, un ex-socialiste, pourtant
favorable au débat.

On se demande si, à force de se tortiller sur ses deux pieds,
Olivier Faure ne va pas se faire une entorse du genou. L’entorse à la
vertu d’un parti de gouvernement est déjà actée, elle sera longue à
guérir. D’accord pour évoquer la destitution du chef de l’État afin de
ne pas froisser le syndic du Nouveau Front populaire, le vindicatif
Mélenchon et les santons qui le suivent, lesquels ne sont évidemment
pas dupes du faux-semblant socialiste.

Mais pas question de poursuivre la procédure. Serait-ce en raison
d’une ligne rouge institutionnelle à ne pas franchir ? Pas du tout, c’est
parce qu’elle a (en effet) zéro chance d’aboutir. Tant de convictions,
dures comme le marbre, ne peuvent qu’impressionner.

Idem, sans surprise, pour celles d’Éric Ciotti qui torpille l’initiative
des Insoumis, quasiment assimilés à des Ravachol prêts à dynamiter
la République. Ce même Ciotti Éric clamait haut et fort son souhait,
avec les LR, de destituer François Hollande en 2016, l’un de ceux qui,
dans les rangs du NFP, condamnent sans ambiguïté la résolution
portée par Mathilde Panot.

Beaucoup de gesticulations pour pas grand-chose, en réalité....

                                Benoît Lasserre édito (extraits) Sud-Ouest