3160-ANDROS va reprendre POULAIN et son usine 2 posts
Chocolat Poulain : emplois, projets… Andros explique comment elle a sauvé la célèbre chocolaterie de Blois
Spécialiste de la transformation des fruits, Andros joue une nouvelle carte avec le chocolat.Spécialiste de la transformation des fruits, Andros joue une nouvelle carte avec le chocolat. DDM M-Salvet - MARC SALVET
Economie, Entreprise, Lot
Publié le 11/09/2024 à 18:37 ,
Laetitia Bertoni
l'essentiel Fruit ou chocolat ? Plus besoin de choisir, Andros propose les deux ! Le Groupe lotois vient de racheter la chocolaterie Poulain, près de Blois (41) et sauve ainsi les 109 salariés menacés de licenciement.
Est-ce la réussite commerciale de sa pâte à tartiner au chocolat qui a donné à Andros le goût du cacao ? Toujours est-il que l’entreprise lotoise, jusque-là spécialiste du fruit, vient de réaliser une acquisition qui devrait peser dans la suite de son aventure chocolatée.
En tout début de semaine, elle s’est portée acquéreur de la chocolaterie Poulain située à Villebarou, dans le Loir-et-Cher (41). "En effet, nous étions sur place lundi pour rencontrer les représentants du personnel et visiter le site. Nous sommes satisfaits de l’accord qui a été trouvé avec la société Carambar & Co et son président Marc Auclair, qui resteront par ailleurs propriétaires de la marque Poulain. Il est satisfaisant pour tous", nous a déclaré la direction d’Andros, ce mercredi.
Alors que l’entreprise installée en Région Centre Val de Loire depuis 1848 était condamnée à fermer d’ici la fin de l’année, le rachat du site, des bâtiments, des lignes et équipements, et la reprise des 109 salariés de l’usine par le Groupe Andros sonne comme un renouveau presque inespéré et un coup d’arrêt aux 109 licenciements prévus. " Nous gardons la totalité du personnel, assure Alexandre Godin, directeur du développement durable et de la communication du Groupe Andros. Il y a au sein de cette entreprise de vraies compétences, le savoir-faire est là, ils ont l’expérience. Ensemble, nous allons en apprendre davantage dans l’utilisation du chocolat car on a rencontré des salariés engagés, de qualité et qualifiés."
Le foncier, les bâtiments, les salariés sont repris, mais pas la marque Poulain
Les annonces du mois de juin du groupe CPK (Carambar, Poulain, Krema) justifiant un plan de fermeture à cause de la hausse du coût des matières premières et de la baisse de consommation du chocolat n’ont pas dissuadé Andros de racheter. Bien au contraire. " Nous allons devenir sous-traitant pour le Groupe CPK qui va commercialiser sous sa marque Poulain, les produits au chocolat fabriqués par Andros à Villebarou. Cela garantit une production pour les trois prochaines années dans le périmètre actuel d’activité. Pendant ce temps, nous mettrons en œuvre notre projet industriel qui vient tout juste d’être ébauché", précise Alexandre Godin.
Ce qu’en pensent les salariés du Loir et Cher
"C’est un soulagement, lâche Didier Calvo, secrétaire général de la CGT41, car ils devaient tout fermer et licencier les 109 salariés. Andros ne reprend pas la marque, il sera sous-traitant pour trois ans, on espère qu’après leur projet industriel sera à la hauteur. En tout cas, c’est un groupe agro-alimentaire solide qui reprend la main".
L’entreprise Poulain, plus que centenaire à Blois, constitue un véritable patrimoine du Loir et Cher ; alors de la savoir condamnée car la rentabilité était moins forte qu’espérée était pour tous un déchirement. " On va continuer de fabriquer du chocolat ici et ça c’est déjà encourageant pour la suite. Mais, déjà vendue et rachetée par le passé à Mondelez, puis au fonds d’investissement Eurazéo, l’entreprise a vu ses capacités de production restreintes. On attend donc un projet ambitieux de la part d’Andros", poursuit-il.
Quant à Toni Anjoran, délégué syndical au sein de Poulain, il précise au nom de l’intersyndicale : " C’est une très grande satisfaction et un soulagement pour les salariés et leur famille. Nous sommes également enthousiastes à l’idée de rejoindre Andros, un groupe familial et industriel français, qui valorise le savoir-faire des salariés et la qualité de la production, à la différence des fonds d’investissement qui n’ont pour seul but que la réalisation de profits à court terme. Néanmoins, nous restons prudents dans l’attente de la conclusion de l’accord définitif et de la formalisation des engagements qui doivent être pris par Carambar concernant le maintien sur le site de la production des chocolats Poulain. À cet égard, l’absence de cession par le groupe Carambar de la marque Poulain, qui était l’une des priorités de l’Intersyndicale, constitue une déception et une source d’inquiétude. La pérennité du site et des emplois sur le long terme reposera donc sur le projet industriel du groupe Andros, qui suppose des investissements très importants".
Pour y parvenir, Andros connaît la recette. "Acheter une matière première de qualité, bien maîtriser sa transformation et trouver le juste équilibre de prix pour l’entreprise comme pour les clients", nous glisse-t-on à l’oreille.
Une pâte chocolatée née dans le Lot, appelée à se développer
Pour l’heure, c’est à Biars dans le Lot qu’est fabriquée la pâte à tartiner au chocolat. Mais Frédéric Gervoson le sait et y tient, tout comme Florian Delmas, directeur général du Groupe Andros : "Si c’est dans le Lot que naissent nos produits, ils ont vocation à se développer et à prendre leur essor ailleurs. Cela a été le cas avec Pierrot Gourmand parti en Corrèze. Notre secteur pâte à tartiner est à saturation ici, à moyen terme on aurait dû prendre des dispositions. Nos équipements sont adaptés aux fruits, avec des frigos et des systèmes de refroidissement. Là-bas, ils ont les lignes pour le chocolat, tout est prévu pour ".
Les perspectives sont donc évidentes pour Andros d’autant que la chocolaterie du Loir et Cher qui, jusque-là fabriquait du chocolat en poudre et en tablettes, offre de belles capacités de développement. Mais l’opportunité d’y construire un véritable projet industriel d’envergure d’ici trois ans ne pourra s’envisager qu’avec le soutien et l’appui de l’État et des collectivités locales. Car on a beau être gourmand chez Andros, on sait rester prudent. La Dépêche du Midi