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Des ministres de droite mais aussi de gauche et du centre, le casse-tête du futur gouvernement
Michel Barnier doit veiller aux équilibres de sa supposée coalition parlementaire, réunissant le bloc macroniste, la droite et le groupe Liot
« Ce ne sera pas seulement un gouvernement de droite », il y aura des « gens de gauche » avec « peut-être » des sortants : la composition de l’équipe ministérielle vire d’autant plus au casse-tête pour Michel Barnier, nomme Premier ministre jeudi dernier, qu’elle devra survivre dans une Assemblée nationale fracturée. Le nouveau locataire de la rue de Varenne,venu de la droite et qui n’a pas manqué de critiquer Emmanuel Macron par le passé, entend mettre sa patte sur cette équipe, alors que le chef de l’État a promis de se tenir davantage en retrait.« Le Président va présider et le gouvernement gouverner », a assuré vendredi Michel Barnier, désireux de plus « d’indépendance», y compris sur la composition du gouvernement, sûrement au centre de son déjeuner de travail hier avec le Président.
«Rupture »
Mais Michel Barnier, qui ne dispose pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale, devra veiller aux équilibres de sa supposée coalition parlementaire, réunissant le bloc macroniste (Renaissance, Horizons, MoDem), la droite et le groupe Liot Il s’agit donc pour lui de renouveler une équipe sans doute élargie à la droite–il a lui-même promis des «ruptures» – tout en l’ouvrant à la gauche et sans braquer l’extrême droite. Une gageure.
Sur les postes régaliens, qui relèvent dans l’usage du domaine « réservé » du président de la République, sa marge de manoeuvre pourrait être faible, en dépit du profil international du Premier ministre, deux fois commissaire européen, ancien négociateur du Brexit et ministre des Affaires étrangères.
Au prestigieux Quai d’Orsay, deux macronistes sont en lice. L’actuel occupant Stéphane Séjourné aimerait rester et s’y prépare déjà. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin voudrait y poursuivre sa politique de fermeté sur l’immigration.À moins que le match aboutisse àun troisième homme (ou femme) si le locataire de Matignon voulait marquer la « rupture » promise à sa passation et exprimée aux législatives. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu,
issu de la droite, pourrait envisager de rester. L’actuelle ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, qui fut comme Michel Barnier ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, rêve aussi d’un poste régalien.
L’Éducation et la Santé, étendues par Emmanuel Macron à son pré carré mais aussi érigées en « priorités » par Michel Barnier, sont convoitées par des figures de droite. De quoi signer un retour au gouvernement de LR, même si le patron Laurent Wauquiez l’avait exclu dans un premier temps ? Philippe Juvin, médecin et patron des Républicains dans les Hauts-de-Seine, se verrait bien à la Santé, comme Annie Genevard, numéro deux du parti Les Républicains, citée
àcelui de l’Éducation.
Le RN en arbitre
Le nom de Rachida Dati, ministre démissionnaire de la Culture mais dernière débauchée à droite par Emmanuel Macron, circule pour occuper le poste de porte-parole. Un autre poste sera délicat à pourvoir, celui de l’Économie,dans un contexte de dérapage du déficit, alors que le patron de Bercy depuis sept ans, Bruno Le Maire, entend partir. L’idée première de l’Élysée était de trouver un ministre non partisan, comme le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau.
Autre défi de taille pour Michel Barnier:trouver des personnalités venues de la gauche, qui est déjà prête à le renverser, y compris au sein d’une partie de la macronie. Quant au Rassemblement national, accusé d’avoir été indirectement l’arbitre de la nomination de Michel Barnier, il ne le censurera pas d’emblée mais ses responsables écartent déjà certains
noms. « Ça n’aurait pas de sens que M. Barnier […] nomme un ministre qui nous a insultés », a affirmé le député RN Jean-Philippe Tanguy, citant le cas du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti. Le Premier ministre a évoqué en revanche des « personnes compétentes à gauche », comme l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, sur les questions
d’industrie ou de défense.
Sud-Ouest