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Édouard Philippe précipite la fin du macronisme
En pleine crise politique, Édouard Philippe n’a pas craint d’annoncer
qu’il briguait l’Élysée. Le faire à près de trois ans de
l’échéance de 2027 alimente déjà les critiques contre le maire
du Havre, accusé, y compris dans l’ex-majorité, de se déclarer
à contretemps, de jouer un jeu personnel et de manquer de loyauté à
Emmanuel Macron.
S’il a décidé de sortir du bois, l’ex-Premier ministre (2017-2020) a ses
raisons. La première est qu’il brûlait d’officialiser ce qui est un secret
de polichinelle depuis la fondation de son parti Horizons en 2021. La
seconde est son désir de rappeler aux Français qu’il n’est pas de ces
politiciens qui « tournent autour du pot ». Mais la troisième,
sûrement la principale, tient à son analyse du blocage institutionnel
actuel, dont il rend, sans le nommer, le président responsable.
En clair, il faut se préparer à l’éventualité d’une présidentielle
anticipée. Depuis le remplacement d’Élisabeth Borne
par Gabriel Attal, qu’il dit avoir déconseillé à Macron, le maire du
Havre n’est plus en ligne avec le président. Un divorce creusé par la
dissolution de l’Assemblée dont Philippe estime qu’elle a brisé la majorité
présidentielle en entraînant des législatives qui n’ont fait que
rendre le Parlement plus ingouvernable.
Aussi sa déclaration de candidature à l’Élysée, tout sauf surprenante,
paraphe-t-elle la rupture avec celui qui le nomma naguère à Matignon.
Ce faisant, le patron d’Horizons accentue le sentiment général que la
page du macronisme est tournée. Et sa résolution tranche avec la
procrastination du président, incapable, deux mois après l’élection, de
trouver une formule de gouvernement viable.
Émancipé de celui qui l’a imposé sur la scène nationale en 2017,
Édouard Philippe se pose en successeur en assumant un coup de
barre vers la droite républicaine dont il est issu. Et de façon subliminale,
il s’inscrit dans les pas de Georges Pompidou, qui avait brigué la
succession de Charles de Gaulle à trois ans de l’échéance, et avait
ramassé la mise cinq mois plus tard après la démission surprise du
Général en avril 1969. Anticipant une fin de règne, le Havrais peut se
voir reprocher de vouloir la hâter. Mais la réalité de l’impossible nomination
d’un Premier ministre, couplée à celle d’une Assemblée impuissante
et du dérapage des comptes publics, incite à des changements
« massifs », pour reprendre son expression. Tel est le pari,
risqué mais logique, du désormais candidat Philippe.
Christophe Lucet édito Sud-Ouest
Après deux mois de flottement, Emmanuel Macron a désigné le nouveau chef du gouvernement. Vétéran de la droite française, auréolé de son statut de représentant de l’Union européenne lors des accords du Brexit, le Savoyard revient au premier plan.