Nouveau Premier ministre : Salat-Baroux, de Romanet, Migaud, Senard, Trichet, Moscovici… qui pourrait être à la tête d’un gouvernement technique ?
Faute d’un gouvernement issu d’une grande coalition, la France pourrait se diriger vers un gouvernement technique dirigé par un expert, un haut fonctionnaire ou un grand patron à la fibre sociale.
Face à l’impossibilité de trouver au sein des partis traditionnels un Premier ministre, une autre piste que celle d’une grande coalition est envisageable : celle d’un gouvernement technique. C’est-à-dire un gouvernement, composé d’experts et/ou de profils moins politiques, qui réformerait a minima en attendant une éventuelle nouvelle dissolution de l’Assemblée en 2025 ou l’échéance sur laquelle toute la classe politique est focalisée, l’élection présidentielle de 2027.
Ce gouvernement-là, né d’un consensus général entre tous les partis, aurait plus de marges de manœuvre que l’actuel gouvernement démissionnaire qui ne gère que les "affaires courantes", mais il en aurait moins qu’un gouvernement classique plus politique soutenu par une majorité absolue à l’Assemblée.
Ce type de gouvernement, inédit en France, est courant en Italie, qui y a eu recours à quatre reprises avec des économistes. Carlo Ciampi en 1993, Lamberto Dini en 1995, Mario Monti en 2011 et enfin Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, nommé en 2021 à la tête du Conseil italien. Une décision qui avait permis de rassurer les marchés financiers mais qui s’était soldée un an et demi plus tard par l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite avec Giorgia Meloni…
Un scénario "à l’italienne" en France ?
En France, s’il n’existe pas de personnalité de l’envergure de Mario Draghi, plusieurs profils ont toutefois émergé au gré d’interviews ou d’articles de presse ces dernières semaines, parfois à l’initiative des intéressés eux-mêmes. Ainsi, Olivier Salat-Baroux, ancien secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac, a signé une tribune dans Le Monde le 5 août dans laquelle il plaide pour la formation d’un gouvernement qui réponde aux demandes exprimées par une majorité d’électeurs.
"Il faut séparer radicalement l’action gouvernementale de l’élection présidentielle de 2027" pour "réconcilier les Français avec l’action politique", explique le haut fonctionnaire, qui imagine un gouvernement composé avec "des femmes et des hommes de compétences diverses – politiques, entrepreneurs, fonctionnaires, syndicalistes, anciens serviteurs de l’État, soucieux de servir leur pays dans la crise. Des femmes et des hommes allant au ministère comme l’on va au bureau, à l’usine ou aux champs."
Autre nom, celui d’Augustin de Romanet, PDG du groupe ADP (aéroports de Paris) qui va bientôt quitter son poste et qui a livré son analyse politique dans Le Point. "Le clivage naturel de la vie politique est entre la liberté et l’égalité, comme il l’est entre la droite et la gauche. Il est urgent de retrouver de la modération de part et d’autre, sans nier ce diptyque fondateur."
D’autres noms circulent aussi comme Didier Migaud et Pierre Moscovici, l’ancien et l’actuel présidents de la Cour des comptes, Jean-Claude Trichet, ex-président de la Banque centrale européenne, Olivier Blanchard, ancien chef économiste et directeur des études au Fonds monétaire international. Mais ce scénario « à l’italienne » avec des profils d’économistes peut-il marcher ? "Le gouvernement technique était possible en Italie, car nous étions dans une crise financière importante, ce n’est pas le cas en France", observait début juillet dans La Provence Mario Monti.
Un grand patron à la fibre sociale ?
Enfin, une autre version du gouvernement technique pourrait être celle avec un grand patron, au profil social, comme Premier ministre. Le président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), Michel Picon, a évoqué cette semaine le nom de Jean-Dominique Senard. Passé par Total, Saint-Gobain et Michelin, l’actuel président de Renault est réputé pour sa fibre sociale.
On peut aussi citer Sophie Thiéry, présidente de la commission travail et emploi du Conseil économique, social et environnemental, Pascal Demurger, directeur général du groupe MAIF ou encore Emmanuel Faber, ex-patron de Danone.