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Pour Matignon, un mouton à cinq pattes
Ils sont venus, ils ont vu, certains ont même déjeuné – les macronistes
–, mais ils n’ont pas encore vaincu. Ce vendredi était jour
de visite et de grand oral à l’Élysée. En effet, avant de poursuivre
lundi, avec le Rassemblement national, ce cycle de discussions
avec les forces politiques présentes au Parlement, Emmanuel Macron
a notamment reçu le Nouveau Front populaire (NFP) et sa candidate
pour Matignon Lucie Castets, le bloc central, et Les Républicains.
L’objectif de ces entretiens – d’embauche – était connu :
identifier un chemin, voire une ruelle, pour sortir de cette impasse
d’une Assemblée sans majorité et nommer enfin un Premier ministre.
Cette séquence inédite – une de plus… – l’a montré, c’est bien Emmanuel
Macron qui a la clé, sinon le plan, pour sortir de ce labyrinthe
dans lequel tourne en rond la classe politique depuis bientôt six
semaines. À ce stade, et à écouter les participants, ces rencontres
n’ont pas été inutiles. De fait, depuis le second tour de ces législatives,
chacun a pu prendre la mesure de la situation. Aucun parti ou coalition
ne peut gouverner seul.
À cet égard, si le NFP – qui est arrivé en tête – continue de
revendiquer le pouvoir, son discours a évolué. Devant Emmanuel
Macron, Lucie Castets s’est engagée « à bâtir des majorités
». C’est-à-dire à trouver des compromis. Or, ce qui vaut
pour elle vaut aussi pour le bloc central et quiconque entend piloter
le destin de la France. Sauf qu’entre faire des promesses et les réaliser,
il y a un gouffre. Et un parti, qui ne cesse de rebuter : La France
insoumise, partenaire majeur du NFP. Impossible de l’oublier.
Il reste toutefois un autre élément qu’Emmanuel Macron, comme
Président – et DRH… –, doit prendre en considération, c’est le sens du
résultat de ces élections. Si l’ex-majorité présidentielle a plus que
limité la casse, elle ne l’a pas emporté. Et sans la force du front républicain
qui s’est enclenché entre les deux tours, le Rassemblement
national aurait même pu atterrir plus haut encore.
Certes, trois blocs distincts se font face aujourd’hui. Mais cette nouvelle
tectonique ne peut en aucun cas masquer le désir de changement
qui s’est exprimé dans les urnes. C’est aussi ça, le message de
ces législatives. Et il est d’autant plus fort qu’il repose sur une participation
record. Toute la difficulté est là : trouver une personnalité qui
puisse incarner cette volonté d’alternance, tout en ayant la capacité à
fédérer. C’est ce qui s’appelle un mouton à cinq pattes.
Jefferson Desport édito Sud-Ouest