311 -Un p’tit truc en moins Opinion de Bruno Jeudy 4 posts
Un p’tit truc en moins
« Quand vient la fin de l'été... » Les paroles de la chanson de Laurent Voulzy résonnent dans l'esprit de nombreux Français. En effet, cet été 2024 a fait passer nos compatriotes par tous les sentiments et par toutes les émotions. Cela a commencé par l'incrédulité face à une dissolution incongrue aux résultats déroutants qui ont plongé le pays dans une crise démocratique. Les JO ont permis de retisser les liens et de retrouver fierté et enthousiasme, de balayer les passions tristes engendrées par les querelles politiques.
Le spectacle donné par les sportifs - en particulier ceux participant aux Jeux paralympiques - illustre cette capacité à surmonter les différences, à s'ouvrir aux autres et à se dépasser. Le maître des cérémonies, Thomas Jolly, nous a encore émerveillés cette semaine et a hypnotisé plus de 10 millions de téléspectateurs. Avec les trois heures de son show émouvant, le directeur artistique du Cojop a sans doute fait davantage pour ébranler les préjugés sur le handicap qu'une décennie de politiques publiques.
En quête d'union et de réconciliation, les Français se raccrochent à ce qu'ils peuvent. Pas à leurs hommes et femmes politiques, qui ont déjà repris leurs mauvaises habitudes et font comme s'il ne s'était rien passé cet été. Ce n'est pas un hasard si le film d'Artus Un p'tit truc en plus, avec ses 10 millions d'entrées, a accompagné nos congés et donné des raisons d'espérer. Par l'accueil qu'ils lui ont réservé, les Français ont rappelé que les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité pouvaient se concrétiser en 2024. Le succès du Comte de Monte-Cristo est aussi révélateur des aspirations de notre peuple : l'audace, la force de caractère et la capacité de résilience d'Edmond Dantès ont touché un public familial.
Si les univers de la culture et du sport ont su galvaniser nos concitoyens, on ne peut en dire autant des responsables politiques. En témoigne l'interminable feuilleton « recherche Premier ministre désespérément » qui mobilise moult
scénaristes et acteurs que l'on croyait oubliés ou boudés. Les interventions de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy renvoient au monde d'avant, tout comme le come-back - pour ne pas dire le « coming août » de Bernard Cazeneuve. Les tensions dans le Nouveau Front populaire après l'annonce de la possible nomination à Matignon de l'ancien maire de Cherbourg ne sont pas sans rappeler l'épisode des frondeurs, sans parler du sinistre congrès de Rennes de 1990. Le PS, cette machine à perdre du temps... Tout comme Emmanuel Macron qui a consulté la terre entière sauf lui-même et joue avec les nerfs de tous !
On peut dès lors comprendre la phrase de Raymond Barre « oui aux partis politiques, mais non à l'esprit de parti ». En renonçant à l'esprit partisan, les dirigeants politiques permettront aux Français de penser que la magie des JO n'aura pas été que le songe d'une nuit d'été. De quoi redonner l'envie d'avoir envie d'un gouvernement...