3108-Yes, we can’t : la France prisonnière de l’esprit d’abandon 2 posts
Yes, we can’t : la France prisonnière de l’esprit d’abandon
Yes, she can ! A Chicago, Barack Obama a transmis à Kamala Harris le souffle de sa campagne de 2008 lorsque, jeune sénateur noir en passe de devenir le 44e président des Etats-Unis, il encapsulait l’audace de tout un pays dans un slogan devenu mythique – oui, nous le pouvons (yes, we can) ! A Paris, après la parenthèse enchantée des Jeux olympiques, la France a pris le contre-pied de cet esprit où « même l’insurmontable devient surmontable ». Encalminée depuis la dissolution dans une drôle de crise, elle s’enferme dans un mot d’ordre mortifère : oui, nous ne le pouvons pas !
Déjà, les législatives ont consacré une démocratie du refus : une élection faite sur l'élimination, pas sur l’adhésion. Une mobilisation réalisée sur le rejet, pas sur le projet. Désormais, les partis font mine de pouvoir, sans vouloir. Avec son pacte législatif, Laurent Wauquiez joue la responsabilité sans les responsabilités. Jean-Luc Mélenchon exige Matignon sans majorité relative, ni compromis. Et ses alliés sont contre la destitution, mais pour la censure systématique. L’ex-majorité reconnaît sa défaite mais tente de ne rien défaire de sa politique passée. A tous les étages, c’est « yes, we can’t » !
Vendredi et lundi, face aux chefs de groupe parlementaire et de parti convoqués à l’Elysée, Emmanuel Macron ne pourra qu’acter ce génie de l’affrontement, cette inclinaison au chaos, ce goût pour la désunion nationale. Et constater l’intérêt secret de ses opposants : sa démission plutôt qu’une solution. Le Président reprendra alors l’initiative, contraint par une situation inextricable à chercher un Premier ministre non pas apte à gouverner, mais plus prosaïquement à ne pas être renversé. Loin, pour reprendre les mots de Barack Obama, de « ce simple credo qui résume l’esprit d’un peuple : oui, nous le pouvons ! »