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Budget de l’État : une bombe à retardement
Qu’il s’appelle Xavier Bertrand – 4 contre 1 dans la course à
Matignon –, Bernard Cazeneuve – 6 contre 1 -, Lucie Castets –
50 contre 1 – ou tout autrement – une surprise du chef n’est
jamais à exclure dans la dernière la ligne droite… –, le prochain
Premier ministre, et c’est une certitude, n’aura pas à tergiverser
sur ses priorités. Indépendamment de la constitution de son gouvernement,
il devra en parallèle s’atteler à la réalisation du budget 2025. Et
ce, sans perdre une minute.
Car le temps presse. En effet, le prochain projet de loi de finances doit
être déposé au Parlement le 1er octobre, non sans avoir été visé par le
Haut Conseil des finances publiques et le Conseil d’État. Dit autrement,
l’exercice ne saurait s’improviser en un claquement de doigts. Or, en
l’absence d’un Premier ministre pleinement nommé et d’une majorité
un tant soit peu capable d’affronter cette recomposition de l’Assemblée
sans tomber à la première motion de censure venue, ce travail essentiel
pour la bonne marche du pays ne peut commencer.
Dans l’attente de passer le flambeau, Gabriel Attal, le Premier ministre
démissionnaire, a donc transmis aux ministères leurs « lettres-plafonds
» – l’équivalent de leur feuille de route – pour le prochain exercice
au nom de la continuité de l’État. Résultat, faute d’avoir encore la
main, il s’est contenté de reconduire les crédits de 2024, soit
494 milliards d’euros.
Une initiative qui lui a attiré les foudres du Nouveau Front populaire,
l’accusant d’outrepasser le rôle qui est désormais le sien :
gérer les affaires courantes. Pourtant, il ne s’agit que d’une
« proposition » de budget. Le NFP le sait : le prochain Premier ministre,
quelle que soit sa couleur politique, pourra l’amender à sa guise, le
passer à la moulinette, envoyer ces lettres-plafonds par les fenêtres,
voire s’en inspirer. En outre, que ce texte mette le cap à droite, à gauche
ou au centre, il sera aussi examiné et amendé par les députés et les
sénateurs. Dans la configuration actuelle de l’Assemblée, avec ces trois
blocs qui se font face, il y a même fort à parier que cette étape s’avère
capitale. C’est sans doute là que le sort de ce budget se jouera.
Cette perspective d’un débat couperet a d’ailleurs offert au NFP son
premier renoncement. Et il est de taille. Alors que la gauche n’a eu de
cesse de s’insurger contre les 49.3 à répétition d’Élisabeth Borne, sa
candidate Lucie Castets a été formelle : si elle n’a pas le choix, elle dégainera,
elle aussi, cette arme constitutionnelle pour faire adopter son
budget. Voilà qui promet…
Jefferson Desport édito Sud-Ouest