Quel Premier ministre pour diriger le nouveau gouvernement de la France ? Alors qu’Emmanuel Macron poursuit ses réflexions et donne rendez-vous à l’ensemble des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires à l’Elysée vendredi 23 août, notre sondage Harris Interactive dresse un état des lieux inédit de l’opinion française post-dissolution. En testant 35 personnalités de tous bords politiques, pour certaines en pleine ascension, pour d’autres en retrait de la scène hexagonale depuis des années, notre enquête livre un aperçu des préférences des Français pour Matignon. Et pour occuper le poste de Premier ministre, les faveurs de ces derniers vont à… Gabriel Attal, l’actuel titulaire du poste mais démissionnaire.
Gabriel Attal... Nouveau Premier ministre ?
Alors que 40 % des personnes interrogées ont une image positive du pensionnaire de l’hôtel de Matignon, c’est bien l’hypothèse d’un maintien du chef de gouvernement en poste, plus que toute autre, que privilégieraient les Français. Le Premier ministre qui a savamment mis en scène sa rupture avec Emmanuel Macron au cœur de l’été, bénéficie de la cote de popularité la plus homogène : plébiscité par les sympathisants macronistes (81 % d’opinions positives) et LR (76 %) et apprécié par les écologistes (49 %) et les socialistes (44 %), Gabriel Attal séduit également plus d’un électeur insoumis et RN sur cinq (22 %- 21 %).
La dynamique Bertrand
Derrière Jordan Bardella, en seconde position avec 39 % d’opinions positives, mais essentiellement soutenu par les sympathisants RN (91 %), la dynamique est du côté de Xavier Bertrand. Le patron des Hauts-de-France, qui a laissé tout l’été ses proches alimenter le bruit de fond de sa candidature à Matignon, voit sa cote de premier ministrable progresser de six points, avec 32 % des Français qui ont désormais une opinion favorable de l’ancien ministre. Candidat malheureux à la primaire des Républicains en 2021, Xavier Bertrand tient sa revanche, en s’imposant comme le champion incontesté de la droite avec 82 % d’opinion favorable au sein de l’électorat LR – loin devant Valérie Pécresse (54 %), Jean-François Copé (54 %) ou Gérald Darmanin (52 %) – et bénéficie du soutien de plus d’un électeur macroniste sur deux (53 %) et de près d’un quart des sympathisants socialistes et écologistes (25 %-24 %). Le président de région pourrait faire figure de meilleur réceptacle à l’alliance entre LR et macronistes, qui s’est dessinée en juillet à l’occasion de l’élection de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Lucie Castets sans doute pas Premier ministre de Macron
Le désaveu est cruel en revanche pour la candidate du NFP à Matignon Lucie Castets. Désignée au terme d’âpres négociations entre le Parti socialiste, les insoumis, les écologistes et le PCF, la directrice financière de la ville de Paris peine à s’imposer dans l’opinion. Relativement méconnue des Français, Lucie Castets n’est créditée que de 17 % d’opinions positives, en 21e position dans notre classement, quand 40 % des personnes interrogées disent « ne pas la connaître assez pour se prononcer ».
Ses partisans se concentrent pour l’instant au sein des formations de gauche : chez les écologistes (45 %), les insoumis (36 %) ou le PS (34 %). Quand elle demeure impopulaire au centre (16 %) et surtout à droite (5 %) et à l’extrême droite (5 %). Difficile dans ces conditions d’imaginer des passerelles avec les groupes parlementaires d’oppositions, rendues nécessaires par la très faible majorité relative dont dispose le Nouveau Front populaire au sein de la nouvelle Assemblée (193 députés). Surtout, Lucie Castets échoue loin derrière plusieurs autres figures de son camp, toutes étiquetées sociales-démocrates : Raphaël Glucksmann (27 %), François Hollande (26 %) ou Martine Aubry (24 %).
Un Premier ministre NFP ? L'option Faure
Restent les figures consensuelles qui, sans être les plus populaires, pourraient faire l’union derrière elle. Souvent issues ou proches de la société civile, elles parviennent à séduire des publics différents, aussi bien à gauche qu’à droite. Notons ainsi le cas de la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, appréciée d’Ensemble (56 %), de LR (55 %) et d’EELV (39 %). Ou de l’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, accepté de manière équivalente par LFI (35 %), le PS (38 %), EELV (35 %) et Ensemble (30 %).
Autre personnalité qui fait le lien entre la Macronie et la gauche… l’actuel Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Soutenu par 35 % des sympathisants socialistes, 32 % des insoumis, et 27 % des écologistes, le patron du PS continue de bénéficier de l’approbation de 24 % des électeurs macronistes. Un juste retour pour celui qui se proposait au mois de juin 2017 de jouer les « bons amis de la majorité présidentielle ». Avant de basculer dans l’opposition à Emmanuel Macron.
Méthodologie : Enquête réalisée en ligne du 19 au 20 août 2024. Échantillon de 1 083 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération de l’interviewé(e). Aide à la lecture des résultats détaillés : Les chiffres présentés sont exprimés en pourcentage. Les chiffres en italique sont ceux qui apparaissent significativement au-dessus de la moyenne. Les évolutions font référence à l’étude « Les Français et le futur Premier ministre » réalisée en ligne pour LCI du 23 au 25 juillet 2024 auprès d’un échantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.