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Futur gouvernement : il a bon dos, le front républicain
Emmanuel Macron recevra donc à partir de vendredi à l’Élysée
les chefs de parti et les présidents des groupes parlementaires
pour tenter de surmonter le blocage d’une Assemblée
sans majorité et d’un pays potentiellement ingouvernable.
Une certitude, ces discussions devront être fructueuses et, surtout,
mettre un terme au vaste cirque auquel on assiste depuis presque
deux mois. En effet, s’il appartient au chef de l’État de nommer le
Premier ministre, il n’est plus l’heure de procrastiner ni de faire des
calculs, quand bien même l’équation est complexe.
Et elle l’est. 1) Le Nouveau Front populaire (NFP), qui ne peut gouverner
seul, ne cesse de revendiquer le pouvoir. Mais à qui a-t-il tendu la
main, sinon à lui-même ? 2) Le bloc central, lui, veut bien d’une
coalition, mais sans LFI et sans le RN. 3) À droite, Les Républicains
préfèrent négocier leur pacte législatif plutôt que d’entrer
dans un gouvernement d’ouverture. 4) Le RN, de son
côté, n’attend qu’une chose : la prochaine dissolution.
Pour bâtir une coalition solide, capable d’oeuvrer
– rappelons-le – au bénéfice du pays, on a connu des fondations
plus solides que pareils sables mouvants…
Toutefois, il serait bon de ne pas l’oublier, ces deux dernières années,
les macronistes, pourtant en majorité relative, ont réussi à faire voter
une soixantaine de textes. Quelques-uns avec la gauche, beaucoup
avec la droite, certains avec l’appui du RN. Si cet exercice de dentelle
parlementaire a pu s’avérer fastidieux, voire franchement périlleux,
comme l’a montré la réforme des retraites, il n’était pas insurmontable.
Dès lors, comment regretter que le Parlement retrouve un rôle
central ? Surtout dans un régime aussi présidentiel que le macronisme…
En attendant, les postures des uns et des autres ont fait une victime :
le front républicain. Alors qu’il a empêché l’accession au pouvoir de
l’extrême droite, cet élan, marqué par une participation record, n’a eu
encore aucune traduction politique. Pour l’heure, ce front républicain
ne se résume qu’à une opération comptable, une opération de
sauvetage. Ce n’est pas à la hauteur. En agissant ainsi, c’est l’essence
même de ce front qui s’abîme. Or, après 2002, 2017, 2022 et maintenant
2024, une telle mobilisation ne peut plus être seulement un
barrage de circonstances et d’opportunisme, sous peine de s’exposer
à une cruelle déconvenue. Au hasard, en 2027. Les discussions qui
s’ouvrent vendredi vont devoir faire sauter les digues.
Jefferson Desport édito Sud-Ouest