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Menace de destitution du président : le vrai canard boiteux, c’est Mélenchon !
La disparition d'Alain Delon lui a volé la vedette. Pourtant, Jean-Luc Mélenchon avait bien mijoté son coup : réclamer la destitution d'Emmanuel Macron, rien de moins. S'appuyant sur l'article 68 de la Constitution, le chef des « insoumis » brandit face au chef de l'État une menace absurde : le renvoyer de l'Élysée.
Une initiative ridicule à plusieurs titres. Le calendrier : d'une part, les parlementaires, auxquels il revient de décider d'enclencher ou non une telle procédure, ne siégeront pour la prochaine session que début octobre ; d'autre part, le président semble enfin bouger, puisqu'il a annoncé recevoir vendredi 23 août les chefs de partis et les présidents de groupes parlementaires. La faisabilité : les obstacles institutionnels à sa réalisation sont tels qu'aucun juriste sérieux ne lui donne la moindre chance d'aller à son terme. L'objet du chantage : il ne s'agit pas de sommer Emmanuel Macron de nommer au plus vite un Premier ministre pour en finir avec cette vacance floue et délétère, mais de l'enjoindre d'installer à Matignon la candidate du Nouveau front populaire (NFP), Lucie Castets, et personne d'autre.
Rester vivant
« En France, le seul maître est le vote populaire ! », conclut cette tribune surréaliste. Mais le « vote populaire », justement, n'a pas donné la majorité absolue au NFP, qui dispose, comme le souligne François Bayrou dans un entretien au Figaro, « d'à peine un tiers des sièges » à l'Assemblée nationale. Ajoutons que si la coalition de gauche a fini par accoucher, dans la douleur, d'un nom pour Matignon, les socialistes ne montrent pas la même disposition unitaire à l'égard de cette procédure de destitution. Même le plus soumis d'entre eux envers les insoumis, le secrétaire national du PS Olivier Faure, a fini par l'assurer dimanche, poussé par de nombreux élus exaspérés : « La réponse à une nomination de Premier ministre qui ne serait pas conforme à la tradition républicaine est la censure ».
Dans une note de blog publiée hier et intitulée « Dernier avertissement au capitaine du Titanic », Jean-Luc Mélenchon raille « le déchaînement des porte-voix macronistes contre (son) initiative. Il passe sous silence l'indignation de nombreuses personnalités socialistes, tel le député Jérôme Guedj, les sénateurs Patrick Kanner et Laurence Rossignol, entre autres. Et préfère tourner en dérision ces prétendus alliés, en les traitants pour ce qu'ils s'obstinent à demeurer : des vassaux terrorisés à l'idée de s'émanciper. « L'avertissement lancé par LFI a déjà eu un résultat : radicaliser le PS, qui est dorénavant acquis à une motion de censure qu'il croit préférable à la procédure de destitution. C'est un bon résultat. ».
L'obsession de l'Élysée
Jamais Jean-Luc Mélenchon n'a pris le risque de se montrer si éloigné des préoccupations des Français. Jamais il n'a laissé transparaître aussi crûment son seul objectif : rester vivant politiquement, alors qu'il ne dispose plus d'aucun mandat électif.
Le « canard boiteux » (« lame duck ») est le surnom donné, aux États-Unis, aux présidents en fin de mandat qui luttent pour exister avant que leur successeur élu ne prenne ses fonctions. Jean-Luc Mélenchon, lui, sait que la prochaine course à l'Élysée sera la dernière pour lui, après trois tentatives infructueuses dont il semble ne s'être jamais remis. C'est lui le canard boiteux, obsédé par cet objectif alors que 80 % des Français le considèrent comme un handicap pour la gauche. Mais, de surenchère envers ses adversaires en exercice de la terreur envers ses partenaires, le canard boiteux risque de se transformer en canard sans tête.
