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Cazenave :« La priorité est de doter le pays d’un budget »


Dans un entretien exclusif, le ministre démissionnaire des Comptes publics – et député de Bordeaux – confirme avoir gelé10 milliards de crédits supplémentaires en juillet et parle budget, « un moment de vérité »

 

Jefferson Des port Sud-Ouest

La priorité du futur Premier ministre sera de faire adopter le budget 2025. En arrivant, il trouvera votre projet de loi de finances. Prévoyez vous toujours 20 milliards d’économies ?


Nous sommes sur cet ordre de grandeur avec le même objectif : poursuivre la baisse du déficit. Nous l’avons engagée dès février avec 10 milliards d’euros d’économies. Le nouveau gouvernement devra poursuivre cet effort. À défaut, on
constatera une dégradation des finances publiques pour 2024. C’est la raison pour laquelle, le 16 juillet, j’ai gelé près de 10 milliards d’euros de crédits supplémentaires. Le nouveau gouvernement pourra soit y renoncer,soit prendre d’autres mesures pour accompagner notre désendettement. Mais aujourd’hui, entre les 10 milliards gelés en juillet et ceux gelés avant, nous avons une réserve de 16,5 milliards d’euros de précaution.

 

Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) pour Matignon, juge que ce budget réalisé par un gouvernement démissionnaire « dépasse » la gestion des affaires courantes. Que lui répondez- vous ?
L’intérêt supérieur du pays est d’avoir un budget pour 2025 avant la fin de l’année. Si ce n’était pas le cas, dans le courant de l’année prochaine, on ne pourrait plus assurer le fonctionnement normal des services publics. On ne pourrait plus assurer la paye et les retraites de nos agents publics,ainsi qu’un certain nombre de prestations qui sont revalorisées chaque année. Que chacun le mesure. La priorité, c’est de doter le pays d’un budget. Pour cela, on doit préparer un certain nombre de travaux techniques. Mais il s’agit d’une proposition, c’est un socle, et il sera largement modifiable par le nouveau gouvernement et la discussion parlementaire. Si nous n’avions rien fait, alors, dans les délais qui sont aujourd’hui les nôtres, la France ne pourrait pas se doter d’un budget. Un gouvernement chargé des affaires courantes doit assurer la continuité de l’État. On s’est mis en situation de présenter un projet de loi de finances au 1eroctobre.
Marine Tondelier, la patronne des Écologistes, accuse Bercy de préparer « 2 milliards d’euros d’économies
sur l’hôpital »…
Je ne connais pas ce chiffre. J’en connais deux.Le premier :on a dépassé les 100 milliards d’euros par an de financement de l’hôpital public. Le second : c’est l’effet des revalorisations des rémunérations de tous les personnels soignants, qui s’élève àprès de 17 milliards chaque année.

 

On imagine mal le NFP au pouvoir suivre vos orientations de réduction des déficits…

Cette règle s’impose pourtant à tous les États membres de l’Union européenne. Et c’est dans notre intérêt de réduire nos déficits. Si on a pu protéger les Français pendant les dernières crises, c’est parce qu’avant, on avait fait cet effort. Si on veut investir dans la transition écologique, il faudra avoir retrouvé des marges de manoeuvre. On peut faire des économies sur l’immobilier de l’État, sur les achats, sur le fonctionnement.
À l’inverse, Laurent Wauquiez, le patron des LR, a fixé deux lignes rouges dans son pacte législatif : ne pas augmenter les impôts et ne pas toucher aux pensions des retraités. Sur ces bases, une entente entre vous semble possible…


D’abord, l’austérité, je ne la vois nulle part quand on indexe les retraites et les prestations sociales sur l’inflation, comme nous l’avons fait. On a protégé le pouvoir d’achat des Français et celui des retraités, ce qui est un point commun avec le pacte législatif des LR. Le NFP, lui, a annoncé 150 milliards d’effort fiscal supplémentaire, c’est un risque pour le pouvoir d’achat des Français. De notre côté, il n’y a pas de tabous sur les recettes. Peut-on trouver un accord politique sur la taxation des rachats d’actions et des profits exceptionnels des énergéticiens, comme nous le proposons ? Je le
crois. Et ce, avec la droite et la gauche.
Le LR Xavier Bertrand est-il le candidat idéal pour Matignon ?

 

Je ne me prononce pas sur le nom du Premier ministre idéal. Il faut un Premier ministre qui nous permette de construire soit une coalition, soit un pacte de non-agression. C’est plus le choix d’une personnalité que d’une couleur politique dont on a besoin.

Mais pour l’heure cette coalition n’existe pas. Le budget peut-il être une passerelle ?


C’est un moment de vérité. C’est le premier grand texte de cette nouvelle législature. Les Français ne comprendraient pas que nous ne nous mettions pas d’accord.Je souhaite que les discussions s’engagent entre tous les groupes politiques

dès fin août. Nous avons deux options :soit on trouve cet accord, soit on s’entend sur une non-censure du budget. Un temps très parlementaire va s’ouvrir.
En cas de nomination à Matignon, Lucie Castets a reconnu que, si elle n’avait pas le choix, elle utiliserait le
49.3 pour faire adopter le budget. C’est un premier renoncement ?


Le NFP avait pourtant dit et répété qu’il ne l’utiliserait pas. C’est une forme de retour à la réalité… Ces deux dernières années, le budget a été adopté avec le 49.3 pour une seule raison : on ne pouvait pas se permettre de laisser le pays sans budget. Le 49.3 est là pour ça. Un pays sans budget, ce serait un saut dans l’inconnu considérable. Au deuxième trimestre, la croissance a progressé de 0,3 % et le chômage a légèrement baissé, de 0,2 %…
Ceci est une très bonne nouvelle, la croissance française résiste très bien, en particulier par rapport aux autres pays européens. Nous avions prévu 1 % de croissance en 2024 et nous allons probablement dépasser cet objectif. C’est bénéfique pour nos entreprises, pour les finances de l’État et pour l’emploi. Notre politique paye.


Pourtant, vous n’avez pas convaincu aux législatives.À la lueur de ces résultats économiques,regrettez vous  cette dissolution ?

 

Les résultats de cette dissolution nous invitent à une autre culture politique. Les Français n’ont pas souhaité donner de majorité absolue. Ils demandent aux responsables politiques de changer leurs pratiques et d’être dans le dialogue et le compromis, ce qui me va très bien, et c’est la seule option. Maintenant, il faut se mettre autour de la table. Ce moment de responsabilité ne supportera pas les postures.





15/08/2024
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