3074-Nouvelle Revue de presse. 20 posts

 

Agriculture, le blé tendre dans le dur

 

 

 

Dans les champs de céréales, la moisson de blé tendre s’annonce
autrement plus dure que celle des médailles d’or,
d’argent et de bronze récoltées par les athlètes français aux
Jeux olympiques de Paris. Alors qu’avec 54 breloques – série
en cours –, les tricolores ont déjà battu le record de Pékin, pour les
agriculteurs, ce millésime n’a, lui, rien de réjouissant. Selon les estimations,
la production de blé devrait, en effet, chuter de 25 à 30 % et passer
de 35,1 millions de tonnes en 2023 à 25,17 millions à l’issue de cette
récolte. Soit un trou à venir dans notre grenier à grain de 10 millions de
tonnes. Tout sauf une paille. Pour retrouver trace d’une pareille dégelée,
il faut remonter à… 1983.


Derrière cette mauvaise passe émerge un gros nuage noir : celui d’une
longue séquence de pluies abondantes commencée à l’automne dernier.
C’est tout le paradoxe de cette affaire. Alors que les épisodes
caniculaires se sont multipliés ces dernières années, il
était urgent que les nappes phréatiques se remettent à flot
et se ressourcent. À cet égard, les précipitations de ces derniers
mois ont été salvatrices. Or, par un traître jeu de vases communicants,
ce qui a été gagné d’un côté a été perdu de l’autre.


En effet, ces pluies nécessaires ont fragilisé de nombreuses cultures. À
commencer par celle du blé tendre. Des semis à la récolte, c’est tout le
cycle de la plante qui a été perturbé. Trop souvent les pieds dans l’eau,
elle n’a pas échappé aux maladies. Résultat, avec des épis moins généreux
et parfois sans grain, les rendements se sont effondrés. Or, le blé
tendre est la céréale la plus cultivée en France, d’où l’importance de la
crise qui s’annonce. En particulier pour les trésoreries des agriculteurs.
Ces derniers n’avaient pas besoin de ça. Cet hiver, ils ont laissé éclater
leur colère contre le prix du gazole non routier, contre l’excès de
normes, contre la concurrence déloyale, contre l’importance des obligations
environnementales… S’ils ont obtenu notamment la mise sur
pause du plan de réduction des pesticides, la question d’une rémunération
juste reste posée.


Mais au-delà de leurs revendications, cette chute de la production vient
rappeler, une fois encore, toute la fragilité du monde agricole. Certes,
les aléas météorologiques n’ont rien d’une nouveauté, mais face à
l’accélération du dérèglement climatique, l’adaptation culturale ne
pourra se contenter d’aides d’urgence. Et ce d’autant moins que la
finalité première de l’agriculture reste de nourrir la planète. Les Jeux,
c’est bien, mais sans pain, on risque d’être dans le pétrin.

 

                          Jefferson Desport édito Sud-Ouest



11/08/2024
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