Quel calendrier ?

Faut-il s’attendre à du mouvement dès la semaine prochaine ? Va-t-il falloir attendre la rentrée et la fin des Jeux Paralympiques ? Pour Virginie Martin, politologue et professeure en sciences politiques à la Kedge Business School, difficile d’imaginer le "timing" souhaité par Emmanuel Macron.

"On s’attend à une nouvelle pression du Nouveau Front Populaire (NFP), qui n’a jamais faibli mais risque d’être plus forte la semaine prochaine. C’est une histoire de rapports de force. Macron applique le "circuler, il n’y a rien à voir". Le NFP a envoyé Lucie Castets comme si elle était en campagne électorale. Chacun joue sa partition", analyse-t-elle.

Ce qui est sûr pour Virginie Martin, c’est que le choix d’Emmanuel Macron de jouer la montre s’est avéré payant dans la "bataille des opinions publiques". "Les Français étaient fatigués de cette politique sans cesse et des vacances qui n’arrivaient jamais. Là, les JO se passent très bien jusqu’ici et les gens ont besoin de voir moins de conflictualité."

Castets et le NFP, déjà hors course ?

L’échec du NFP est dû, en partie selon la politologue, à une campagne non-incarnée, contrairement à celle de leurs opposants. "Si, dès le soir des résultats, ils avaient eu une incarnation, Macron aurait été quasi obligé de passer la main parce qu’il y aurait eu une légitimité après trois semaines de campagne. Si le RN était arrivé en tête, Bardella était de suite nommé Premier ministre". Un "non-professionnalisme politique" qui a permis à Emmanuel Macron d’en "profiter". "La pression de la rue" espérée à gauche était selon l’enseignante impossible avec le "timing" de la sécurisation des JO : "dès le 14 juillet, tout est déjà verrouillé."

Concernant Castets, "difficile" de savoir si sa candidature est définitive. "Je ne suis pas sûre qu’ils (le NFP, ndlr) arrivent à un consensus sur un autre nom", estime Virginie Martin.

Le retour de Cazeneuve pour rallier le PS ?

Le profil "intéressant" de l’ex-ministre pourrait permettre de rallier l’aile social-démocrate de la gauche. Pour des figures comme "Carole Delga et Nicolas Meyer-Rossignol, la ligne anti-Faure, ça serait salvateur de sortir par le haut de cette crise très importante" au sein du parti. "Il pourrait être la solution. Beaucoup ne veulent pas aller se brûler les ailes parce qu’ils gardent un œil sur 2027. Cazeneuve, je ne pense pas qu’il se lève tous les matins avec 2027 en tête", analyse Virginie Martin.

Certes, l’ancien ministre a ses défauts : "c’est l’idée de la 'fausse gauche' qui revient. Mais combien vont dire nom à un poste de ministre ?", questionne la politologue.

Bertrand pour une majorité centre-droit ?

L’hypothèse Xavier Bertrand (LR) laisse la politologue "perplexe". "Quelle est sa légitimité et celle de ce petit groupe ? Certes, il plaît à une toute partie de la droite mais ça serait très étonnant, interroge-t-elle. Le NFP est arrivé en tête, il a permis de participer au front républicain, donc que quelqu’un émane de ces lieux paraîtrait correct."

Bouamrane et Yade, des candidats de rupture ?

D’autres noms circulent, à bas bruit. Notamment celui de Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, qui a profité des JO et du fait que sa ville accueille le village olympique pour redorer l’image du 93. En quelques années, Saint-Ouen est devenue un véritable El Dorado pour les chefs d’entreprise. "Il a un discours très soc-dem (NDLR : social-démocrate) mais n’a pas peur de parler de sécurité. Il a fait la Une du New York Times. Il a un côté très 'Start-up nation du 93', et Macron regarde", analyse Virginie Martin.

Autre candidature "disruptive" qui pourrait surprendre, celle de Rama Yade : l’ancienne ministre aurait avancé la sortie de son livre prévue en octobre à août assure Virginie Martin.