Le 1er ministre israélien a parié sur le retour de Donald Trump 

Quand on se remémore les images du chef politique du Hamas,
Ismaïl Haniyeh, regardant à la télévision le massacre du
7 octobre hilare et à genoux pour remercier Allah, on n’a
aucune envie de verser la moindre larme sur ce sinistre
criminel, éliminé à Téhéran au cours d’une frappe aérienne attribuée à
Israël. Même sentiment à l’égard de son homologue militaire, Mohammed
Deif, tué par l’État hébreu le 13 juillet à Gaza (lire aussi en page 5),
ou pour Fouad Chokr, un des cadres du Hezbollah, supprimé à Beyrouth.
Leur disparition ne rend pas pour autant la planète plus sûre
mais permet à la Russie, main sur le coeur et sans vergogne, de
condamner « un assassinat politique ».

Au-delà du soulagement qu’on peut éprouver après la mort de ce trio
d’islamistes fanatiques, au-delà de la performance des services
secrets israéliens, éreintés après la tuerie d’octobre qu’ils
n’avaient pas vu venir, une question se pose : et maintenant ? Un
terroriste de perdu, dix de retrouvés. Le cabinet Netanyahou
n’a toujours pas retrouvé la trace de l’ennemi public n° 1,

Yahya Sinouar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza,

cerveau de l’attaque meurtrière en Israël de l’automne 2023.

Vu le sort réservé à Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif, aucune illusion
n’est permise. Pour Tel-Aviv, la traque et la guerre continueront tant
que Sinouar respirera. Loi du talion que veulent aussi appliquer les
ennemis d’Israël, qu’ils soient à Gaza, au Liban, en Iran ou en France.
Une escalade qui ne mènera nulle part sinon à la mort de civils,
femmes et enfants, des deux côtés du conflit, victimes collatérales de
l’obstination forcenée de dirigeants ne pensant qu’à assouvir leur
vengeance. Sur ce sanglant podium, Netanyahou se hisse à la même
hauteur que le Hamas.

Si ce n’est que le mouvement terroriste a ouvert le feu, si ce n’est que le
dirigeant israélien bénéficie de la légitimité démocratique, si ce n’est
que, conséquence de l’état de peur et de colère dans lequel il a plongé
son pays, il sortirait sans doute vainqueur d’élections anticipées.
Le Premier ministre israélien a également parié sur le retour à la Maison-
Blanche de Donald Trump qui lui accordera une totale immunité.
C’était avant que Joe Biden s’efface avec sagesse de la campagne et cède
la candidature démocrate à Kamala Harris, qui pourrait bien rebattre
le jeu de cartes. Une dame dans ce jeu régenté par des hommes qui se
prennent pour des as ne ferait d’ailleurs pas de mal.

                                   Benoît Lasserre édito Sud-Ouest