L'espoir d'une trêve olympique avait commencé par ce que la France peut montrer de pire. Vendredi à 4 heures du matin, des saboteurs présumés d'extrême gauche ont incendié des matériels de la SNCF, paralysant une partie du trafic TGV pendant de longues heures . Fort heureusement, notre pays a ensuite démontré au monde qu'il peut encore être au meilleur.

 

Le meilleur, cela a été cette incroyable cérémonie d'ouverture , inédite, festive et inventive. Les couleurs étaient superbes, tout comme les enchaînements historiques et les surprises qui ont émaillé cette soirée inoubliable. La prise de risque était réelle et le mérite revient au metteur en scène Thomas Jolly, à Tony Estanguet et à Emmanuel Macron.

Les organisateurs ont-ils glissé un zeste de provocations y compris dans leur spectacle ? Oui, bien sûr. Partenaire historique des JO, la chaîne américaine NBC a jugé que tout n'était pas visible par un public familial : elle a refusé de diffuser un passage. Est-ce grave ? Non. C'est le prix de la liberté artistique, et 4 heures soporifiques auraient été le pire.

Cet événement a permis de répondre à une question qui nous taraude collectivement depuis plusieurs années. Qu'est-ce qu'être Français ? Quelle est notre colonne vertébrale au-delà d'un sens critique exacerbé, de querelles à n'en plus finir et de pulsions révolutionnaires qui cachent mal un conservatisme très répandu ?

Les Allemands se rassemblent autour de leur modèle économique. Les Britanniques autour de leur insularité. Les Américains autour de leur génie technologique et, pendant un siècle, de leur rôle messianique. Les Chinois sont fiers de leur fantastique rattrapage économique. Comme les Italiens et les Grecs le sont de leur patrimoine culturel et historique.

L'aspiration à l'égalité et le progrès social ont depuis toujours été les moteurs qui ont animé la France. C'est aujourd'hui la créativité qui la distingue et dont elle a besoin. La capacité, dans un certain nombre de domaines (intellectuel, scientifique, économique) à déplacer les lignes, à innover, à transgresser, à refuser les disciplines artificielles. C'est cela qui a été montré au monde vendredi soir.

 

Cela peut conduire au pire, quand nous croyons avoir raison contre tout le monde (hier le passage aux 35 heures obligatoires, qui a conduit à un désastre industriel, demain le projet du Nouveau Front Populaire ?). Il ne tient qu'à nous que ce génie inventif nous pousse au meilleur, à l'inventivité et à laisser les énergies se déployer.

Voltaire aurait dit un jour : « La France arrive toujours en retard… mais enfin, elle arrive ». C'est le moment de ne pas se tromper de direction.