EDITO. Présidentielle américaine 2024 : une campagne qui devient passionnante
Désormais, tout pourrait changer. L’élection du futur président des Etats-Unis, qu’on croyait circonscrite à la violente bataille de chiffonniers entre deux hommes de 81 et 78 ans – un affrontement entre un "vieillard" très affaibli et un "vieillard" passablement incontrôlable –, vient soudain de prendre un tout nouveau visage. Ce duel déjà vu et revu Biden-Trump, qui lassait une majorité d’Américains, n’aura donc pas lieu – et, à la place, s’ouvre une toute nouvelle campagne électorale, dont on ignore encore l’intensité mais qui pourrait bien se terminer par une heureuse surprise.
Il était jusqu’ici convenu que l’ultraconservateur Trump avait de grandes chances de l’emporter, et l’image de ce candidat rageur, poing levé et joue en sang quelques secondes après qu’il eût échappé à une tentative d’assassinat, n’avait fait que conforter la certitude de tous ceux pour qui cet homme était en quelque sorte un leader béni et invincible. Face à lui, son adversaire paraissait presque insipide et vacillant, le duel était, croyait-on, déjà plié !
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Or, le retrait de Joe Biden, poussé dehors par l’âge, par la fatigue et surtout par la plupart des responsables de son parti démocrate, a totalement rebattu les cartes. Kamala Harris qui, dans moins d’un mois, devrait être désignée candidate officielle, et qui bénéficie d’ores et déjà de nombreux soutiens de poids, pourrait être une rivale autrement dangereuse pour le clan Trump.
Tout d’abord, c’est une femme – et il faut espérer qu’un jour, peut-être le 5 novembre prochain date de l’élection, une femme parviendra enfin à la Maison Blanche –, d’autant plus que celle-ci n’a cessé de se battre pour les droits des femmes, à commencer par le droit à l’avortement que les partisans trumpistes rêvent d’abroger. On peut aussi imaginer que son âge – pas encore 60 ans – sera un atout supplémentaire auprès de la jeunesse et que ses origines à la fois jamaïcaines et indiennes mobiliseront une bonne part des minorités. Pour toutes ces raisons, s’il advenait que Kamala Harris l’emporte, ce serait un moment historique dans la vie de l’Amérique – tout aussi historique que l’élection de Barak Obama en novembre 2008.
Mais le chemin est encore long pour l’éventuelle candidate. On est certain qu’elle ne sera pas épargnée par l’artillerie lourde des partisans de Donald Trump. Sur un certain nombre de dossiers comme l’environnement, l’immigration, la santé, la sécurité ou la possession des armes à feu, Kamala Harris penche plutôt à gauche – et les trumpistes se chargent déjà de grossir les traits pour effrayer les classes moyennes. Dans une société aussi fracturée que les Etats-Unis d’aujourd’hui, tous les coups semblent permis. Trump, on s’en doute, n’aura pas la moindre galanterie envers la femme afro-américaine qui lui fait face. On peut même redouter le pire. Question de style, c’est à Kamala Harris d’être la plus élégante ! Désormais, ce match est devenu passionnant