Grosse migraine au Nouveau Front populaire

Après le niet à Bello, Tubiana ou pas Tubiana ? Les négociations
du Nouveau Front populaire pour trouver la bonne
personne à Matignon virent au burlesque. Et encore, ne
s’agit-il là que du nom du successeur de Gabriel Attal. Il restera
à former un gouvernement. S’il faut autant de temps et de conciliabules
pour chaque portefeuille, le premier Conseil des ministres de
gauche ne se tiendra pas avant fin septembre. Mine de rien, le NFP
donne raison aux sceptiques qui assuraient que ce cartel des gauches
version 2024 imploserait à peine installé aux commandes de la République.
Si ce n’est que les fissures apparaissent avant la constitution de
l’équipe. Faut-il jouer les étonnés ? Ce Front populaire a certes remporté
les législatives puisque c’est lui qui compte le plus de députés dans
l’Hémicycle, loin cependant de la majorité absolue, comme c’est le cas
pour le bloc macroniste et le parti lepéniste.

Mais cette coalition a bâti son programme façon Numérobis,
l’architecte de Cléopâtre dans les aventures d’Astérix, et la
seule véritable personnalité qui s’en dégage, certes en fracassant
les murs, Jean-Luc Mélenchon, est rejetée par trois des quatre
partis de l’union. Celles et ceux qui l’éventent avec une feuille de
bananier ne brillent que par l’invective et l’irrespect, bien plus rentables
électoralement que la nuance et la pondération. Comment des
responsables politiques qui mesurent leurs mots peuvent-ils accepter
que Sophia Chikirou, porte-flingue autorisée de l’Insoumis en chef,
compare hier Fabien Roussel à Jacques Doriot, communiste ayant
sombré dans le nazisme, et aujourd’hui utilise le vocabulaire de la pire
extrême droite des années 1930 en traitant les socialistes de « punaises
de lit » ? Du Trump version 20e arrondissement.

Où Marine Tondelier voit-elle que les Français veulent que le NFP les
gouverne alors qu’il ne représente qu’un quart des suffrages exprimés
et seulement 16 % des électeurs inscrits ? Alors que nombre de ses
députés ont été élus, non pas sur leur plateforme, mais grâce au barrage
républicain anti-RN et donc aux électeurs du centre, voire de
droite. Les Français sont sans aucun doute favorables à une partie des
propositions du Front, sûrement pas à ce que soit mis en oeuvre tout
son programme, rien que son programme. La gauche, hors Insoumis
bien sûr, doit admettre cette réalité électorale. C’est le préalable à toute
candidature crédible à Matignon.

                  Benoît Lasserre édito Sud-Ouest